Ben Ali, Mugabe, Karimov… Le Top 10 des dictateurs les mieux élus au monde (MàJ) SLATE.FR 30 octobre 2009 Pas si facile d'avoir 90% des suffrages, même quand on est dictateur. Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali a été réélu sans surprise dimanche 28 octobre pour un cinquième mandat sur un score triomphal de 89,62%. Ils sont vieux, sont au pouvoir depuis des dizaines d'années et peuvent tous se targuer d'avoir été plébiscités à la tête de leur pays: voici le classement des 10 dictateurs encore en activité les mieux élus au monde. A noter que certaines dictatures ne s'embarrassent pas de simulacres de démocratie. Elles n'entrent pas dans ce classement. Les dirigeants qui ne sont pas à la tête de régimes autoritaires ne sont pas davantage inclus dans le classement. Pour comparaison, l'ancien président français Jacques Chirac aurait figuré à la 9e place avec ses 82,21% au deuxième tour de 2002. Edit: ce classement a été modifié pour intégrer des chefs d'Etat qui avaient été injustement oubliés. 10e – Alexandre Loukachenko, Biélorussie: 82,6% Réélu pour un troisième mandat en 2006 au terme d'une élection jugée «non conforme aux normes internationales» par l'OSCE. «Dans un pays où la liberté d'expression et d'association fait l'objet d'une répression si absolue et si agressive, le vote n'est pas un exercice démocratique mais une farce» a pour sa part déclaré le Conseil de l'Europe. 9e – Robert Mugabe, Zimbabwe: 85,5% En 2008, après un premier tour serré et un score indigne du Top 10 (seulement 43,2% contre 47,9% à Morgan Tsvangirai), Mugabe redresse la barre au second tour et reste à la tête du pays qu'il dirige depuis 1980. La participation est de 42%. A noter qu'il était alors le seul candidat, Tsvangirai s'étant retiré entre les deux tous pour cause de violences contre les sympathisants de son parti. 8e – Omar Hassan el-Béchir, Soudan: 86,5% Il est au pouvoir depuis 1989. Quelques jours avant l'élection, en décembre 2000, des forces du gouvernement font un raid sur une réception privée où se trouvaient sept leaders de l'opposition et le représentant politique américain à Khartoum. Les sept hommes sont arrêtés, le diplomate est renvoyé hors du Soudan. Quatre avocats seront par la suite arrêtés pour avoir émis des doutes sur la légalité de ces arrestations. 7e – Islom Karimov, Ouzbékistan: 88,1% Réélu en 2007, il fait moins bien que son précédent score de 91,6% en 2000. Trois autres candidats alternatifs participaient au scrutin, mais ils ont tous soutenu implicitement la candidature de leur «rival» Karimov. Il est le seul président que le pays ait connu depuis l'indépendance en 1991. 6e – Hosni Moubarak, Egypte: 88,6% Il remporte la première présidentielle multipartite du pays en 2005 avec une faible participation, 23%. Au pouvoir depuis 28 ans, il est en baisse de régime: il gagné en 1987, 1993 et 1999 avec des scores supérieurs à 95%. 5e – Gurbanguly Berdimuhamedow, Turkménistan: 89,23% Elu face à cinq autres candidats en 2007 lors d'un scrutin où la participation a atteint, selon les chiffres officiels, 95%. Dans la province de Lebap, les autorités ont menacé la population, déclarant que ceux qui ne voteraient pas n'allaient pas recevoir leur ration mensuelle de farine. Ceux qui votaient pour la première fois et les personnes âgées se sont au contraire vus promettre des cadeau. Un jeune votant a ainsi reçu un exemplaire du livre du président défunt Niyazov. 4e – Zine el-Abidine Ben Ali, Tunisie: 89,62% C'est donc le dernier élu du Top 10, où il perd une place. Pour son 5e mandat, il a fait moins bien que lors des deux dernières élections, en 1999 et 2004, où il avait dépassé les 90%. Il est au pouvoir depuis 22 ans. Il a remporté 99% des suffrages dans deux des 26 régions du pays, et au moins 54% dans les autres. 3e – Abdelaziz Bouteflika, Algérie: 90,24% Contrairement à beaucoup de ses homologues autoritaires, il est sur une pente positive: il est réélu dès le 1er tour, le 9 avril 2009, pour un troisième mandat avec un score supérieur à sa précédente réélection, où il avait fait 84,99%. La participation de 74,24% est largement contestée, la majeure partie de l'opposition boycotte le scrutin. 2e – Noursoultan Nazarbaïev, Kazakhstan: 91% Le premier et seul président de l'histoire du Kazakhstan a été réélu en 2005, lors d'un scrutin qualifié par l'OSCE de non conforme aux normes internationales en matière d'élections démocratiques. Mais Nazarbaïev est soutenu par la communauté internationale, qui applaudit la santé économique du Kazakhstan. Lors de la campagne, l'ancien ministre et principal opposant de Nazarbaïev, Zamanbek Nurkadilov, est retrouvé mort à son domicile, gisant avec deux balles dans la poitrine et une dans la tête. La justice a conclu à un suicide pour raisons familiales. 1er – Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Guinée Equatoriale: 97,1 % Au pouvoir depuis 1979, c'est le dictateur le mieux élu du monde. En plus de son score impressionnant, il peut se targuer d'une légitimité sans conteste: la participation était officiellement de 98%. La mission d'observation francophone de l'élection a écrit dans son rapport [PDF]: «Le retrait des candidats de l'opposition dès 11 h du matin le jour même du scrutin au motif du vote public dans 90% des bureaux de vote du pays et d'autres graves irrégularités a été une bonne illustration finale de la principale caractéristique d'un scrutin pluraliste certes, mais très peu concurrentiel.» Mention spéciale à Paul Biya, le président du Cameroun, qui n'entre pas dans le Top10 avec ses 70,92% en 2004, mais qui bat un record impressionnant: le procès verbal d'un bureau de vote de Douala indiquait un score de 106% [PDF] en faveur du candidat président.