Le journaliste tunisien indépendant Slim Boukhdhir affirme avoir été enlevé et violenté par la police mercredi dernier. Il raconte à nouvelobs.com que son domicile est depuis ce matin encerclé par la police et qu'il n'a plus droit ni de sortir, ni de recevoir des visites. La chasse aux journalistes continue en Tunisie. Après Taoufik Ben Brick, arrêté la semaine dernière et écroué pour agression, c'est au tour de Slim Boukhdhir, journaliste indépendant, d'être inquiété par la police. Le journaliste a expliqué à nouvelobs.com, samedi 7 novembre, sa situation. « Une situation grave » Slim Boukhdhir raconte avoir été enlevé chez lui et violenté par des policiers, mercredi 28 octobre, la veille de l'arrestation de Taoufik Ben Brick. A sa sortie du poste, Slim Boukhdir dit être allé chez le médecin : fracture du nez et multiples blessures, on lui prescrit 14 jours de repos. Depuis, sa rue est quadrillée par des policiers en civil, rapporte-t-il, qui surveillent les allées et venues aux abords de sa maison. Pendant huit jours, les personnes qui viennent lui rendre visite se font systématiquement contrôler, poursuit-il. Aujourd'hui, la tension est montée d'un cran. Slim Boukhdhir n'a plus droit aux visites. Les policiers, « nombreux », ne laissent passer dans la rue que les résidents, et personne ne peut plus entrer chez lui. Sa femme, sortie pour faire des courses a été « harcelée » jusqu'au magasin. « Nous n'avons pas de nourriture, pas d'eau minérale, pas de pain, pas de lait » explique Slim Boukhdhir. « C'est une situation grave » ajoute-t-il, « ma fille de trois ans a vu les policiers, elle pleure tout le temps. Depuis aujourd'hui, je suis complètement isolé ». « Il faut relayer cette information » Slim Boukhdir avait déjà été arrêté en décembre 2007 et condamné à un an de prison pour « outrage à fonctionnaire », « atteinte aux bonnes mœurs » et « refus de présenter ses papiers d'identité ». Il est sorti de prison le 21 juillet 2008, et a été « interdit de voyager et de travailler dans les médias nationaux ». Son témoignage intervient dans un climat d'extrême tension, alors que Ben Ali vient d'être réélu, et que de nombreux pays européens s'inquiètent du sort des journalistes indépendants en Tunisie. « Mercredi dernier, le pouvoir a menacé ceux qui ont critiqué la transparence des élections et l'absence de liberté de la presse » a déclaré le journaliste à nouvelobs.com. « La chose était préparée » a-t-il ajouté. « Il faut relayer cette information ». Clémence Artur (Nouvelobs.com