Le citoyen ne sait toujours pas quand il sera vacciné contre ce virus. C 'est l'heure des bilans. Il ne reste que quatre jours avant la fin de l'année. Et l'incertitude règne toujours sur le lancement de la campagne de vaccination contre la grippe porcine. Pourtant, le ministre de la Santé, M.Saïd Barkat, avait promis le lancement de cette opération avant l'avènement de la nouvelle l'année. Censée rassurer les citoyens, cette déclaration n'a fait qu'accentuer les craintes quant à la validité du vaccin acheté par l'Algérie. D'autant plus que l'analyse du produit par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques prend du temps. Alors, le vaccin est-il valide? Pour le moment, c'est le black-out autour le la question. «Nul n'a le droit de s'impliquer dans les prérogatives des laboratoires scientifiques lorsqu'ils analysent un produit, y compris le politique», s'est contenté de déclarer, jeudi dernier, le ministre. En tout cas, ce ministère pèche par son incapacité à fixer une date pour le lancement de la campagne de vaccination, rendant dès lors la stratégie nationale de lutte contre la grippe porcine illisible. Ainsi, l'hiver s'annonce chaud, non seulement pour le département de Saïd Barkat, mais aussi pour toute la population. Et c'est la sécurité nationale qui est en jeu. Car la saison froide est propice à la propagation de la grippe. A ce titre, les experts, à leur tête ceux de l'OMS, sont unanimes sur un point: 99% des syndromes grippaux sont dus au virus H1N1. De plus, les spécialistes disent que la phase finale de la pandémie mondiale est loin d'être entamée. C'est l'avis du Dr Keiji Fukuda, conseiller spécial à la direction générale de l'OMS. Ce dernier a averti récemment qu'il était encore «trop tôt» pour dire que la pandémie est «terminée». L'expert a fait remarquer que le virus se propage toujours à des «niveaux élevés» dans certaines régions d'Europe et en Asie centrale. En Algérie, le premier cas a été enregistré le 20 juin dernier. Depuis, le virus H1N1 a fait 39 morts et 633 personnes contaminées. Entre-temps, la gestion de ce dossier laisse perplexe. Sur le plan de la communication, c'est la confusion. Mercredi dernier, M.Barkat avait annoncé que le ministère disposait de 1.310.000 doses du vaccin. Cette quantité est loin de correspondre au chiffre donné par le secrétaire général du ministère, en l'occurrence le Dr Chakou. Le 10 décembre dernier celui-ci avait annoncé le stockage de 450.000 unités au niveau de l'Institut Pasteur d'Alger. Un mois auparavant, le même secrétaire général avait déclaré l'arrivée de 900.000 doses pour la première semaine de décembre, lors d'une conférence de presse animée au siège de son département, à Alger. Première du genre, cette conférence a été organisée presque cinq mois après l'apparition du premier cas de grippe A en Algérie. Durant tout ce temps, le ministère s'est contenté d'un service minimum en communication via des communiqués laconiques et quelques déclarations à la presse. En parallèle, le citoyen était soumis au diktat du flux d'informations provenant des chaînes satellitaires. Informé de la dangerosité du virus, il l'était moins concernant le Plan national de lutte contre la grippe A. Et quand le ministère s'est mis à la communication, le citoyen a eu droit à une avalanche de chiffres discordants à lui donner le tournis au point que l'acquisition de l'Arepanrix s'est faite dans un contexte d'incertitude généralisée. C'est dire l'urgence qu'il y a de rendre publics les résultats des analyses du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques. Mohamed Sadek LOUCIF