Par : M. O. T. , Liberté, 10 janvier 2010 Le phénomène de l'émigration clandestine à partir de la côte mostaganémoise, constaté depuis 2005, continue de préoccuper parents, familles et pouvoirs publics. Ainsi le bilan de l'année 2009 est très révélateur de la propagation du phénomène dans la région ouest du pays. En effet, ils étaient près de 500 postulants à la traversée maritime à haut risque vers l'Espagne à être appréhendés par les services des différents corps de sécurité en charge de la surveillance du littoral de Mostaganem, long de 120 kilomètres qui s'étend de l'embouchure de la Mactaâ, au fond de la baie d'Arzew, à la plage de Bahara qui chevauche la limite avec la wilaya de Chlef. Ainsi, de mars à octobre derniers, ce sont 35 tentatives d'embarquement clandestin à destination de la péninsule Ibérique qui ont été déjouées avec presque autant d'embarcations saisies. Alors que la moyenne d'âge des prétendants au départ s'inscrit dans la fourchette des 18-28 ans, cela n'a pas empêché que même des adolescents ou des quinquagénaires soient tentés par l'aventure. Pas moins de 70 mineurs, âgés entre 13 et 15 ans, ont été dénombrés parmi les harragas, tout comme 6 jeunes filles, 3 femmes enceintes, et même un bébé de 16 mois, ont été empêchés, in extremis, de s'offrir en pâture aux poissons. La majorité des contingents était originaire de la wilaya de Mostaganem et de son chef-lieu notamment. Le reste provenait des wilayas limitrophes de Chlef et Relizane. Des contingents constitués de jeunes sans emploi, d'universitaires diplômés, et même de handicapés. Pour leur discrétion, les sites de prédilection pour l'embarquement clandestin demeurent les plages de Chaâibiya, dans la commune de Benabdelmalek Ramdane, Kef Lesfar, sur la côte de Sidi Lakhdar, Sidi Abdelkader, Kharbète ou Stidia. L'expression la plus spectaculaire du phénomène remonte certainement au mois d'octobre passé. En l'espace d'une vingtaine de jours, pas moins de 120 harraga, brassant tous les profils précédemment énumérés, ont été arrêtés par les éléments de la garde communale et de la Gendarmerie nationale. 117 inculpés ont été placés sous mandat de dépôt, 32 ont été condamnés à des peines d'emprisonnement allant de 2 à 4 mois, assorties de fortes amendes allant jusqu'à 40 000 DA. Durant la même année 2009, une quarantaine de dépouilles mortelles de harragas a été repêchée du littoral mostaganémois.