Rusazus, ville antique perch�e sur un piton surplombant le littoral d'Azeffoun, n'a pas livr� tous ses secrets, jalousement gard�s dans les entrailles de la terre. Elle se pr�serve, sans doute, de peur de subir le pillage et la destruction comme c'�tait le cas, dans un pass� r�cent, de plusieurs objets recens�s aux alentours. Les quelques �l�ments de r�ponse avanc�s par Jean-Pierre Laporte, arch�ologue fran�ais, lors d'une conf�rence anim�e le week-end dernier � l'auberge de jeunesse de la ville, s'av�rent d'un tr�s grand apport sur la richesse de ce patrimoine arch�ologique, mais des zones d'ombre subsistent faute de fouilles et d'un travail en profondeur. D'abord les recherches du conf�rencier, entam�es au d�but des ann�es 1970, ne concernent que la partie visible des vestiges de la ville et de l'aqueduc du mont Tamgout qui alimentait en eau les habitants de la cit� et les thermes imp�riaux. Ces derniers, dit-il, bien qu'il n'y ait pas beaucoup de donn�es, ressemblent � s'y m�prendre � ceux de Rome, construits par l'empereur Caracalla. En amont, ajoute le chercheur, les quelques pi�ces retrouv�es dans les ann�es 1970 permettent de reconstituer la trajectoire du canal et surtout la technique utilis�e pour l'acheminement de l'eau et sa d�cantation en zigzag dans des bassins �rig�s � cet effet. M. Laporte s'arr�tera au lieu-dit Ihamziouen, o� l�on peut appr�cier le g�nie des concepteurs du projet qui, par manque de pente, l'eau a �t� achemin�e sous pression gr�ce � des pierres creus�es sous forme de buses avec des joints en argile. La ville antique demeure inaccessible, car ensevelie sous terre et dont une partie sous de nouvelles constructions, mais elle n'a pas �t� du reste des analyses de l'arch�ologue qui a pu, tout de m�me, apporter des �claircissements sur ce que fut son architecture, sa vie et ses mensurations, et ce, en se basant sur les indices livr�s par les objets trouv�s, entre jarres, st�les fun�raires, statues d�di�es aux personnages saints, �criteaux et fa�ades. L'�loignement des restes des deux ch�teaux d�eau de la ville, par exemple, a �t� pris comme crit�re pour arr�ter les mesures de l'�tendue de la ville couvrant les deux pans du piton, orient�s vers le nord-est. L'unicit� des motifs retrouv�s sur les st�les �voque un travail en s�rie et une ma�trise de la technique. A travers des �criteaux, on peut lire le triomphe port� par les citoyens � la d�esse de la sant�, comme l'a si explicitement d�montr� M. Laporte. Plus tard, il a fait mention de la d�couverte de ce qu'il a appel� �les Arcs monumentaux� � d�faut �des arcs de triomphe�, puisque l'histoire r�v�le qu'il n'y eut pas de triomphe guerrier � cette �poque dans cette r�gion. Ils ressemblent � ceux trouv�s � Timgad mais de plus petit gabarit. En dehors de la ville, l'arch�ologue a parl� des vestiges tr�s isol�s repr�sentant les fermes alentours en s'attardant sur la technique d'extraction d'huile d'olive bas�e sur un pressoir � treuil, d�duite de quelques ruines parsem�es dans la localit�. A la fin de l�expos�, le chercheur a abord� le cas de quelques l�gendes autour de la r�gion comme celle du roi qui promit d'offrir la main de sa fille � celui qui am�nerait l'eau sur son piton. Mais dans l'ensemble, annonce-t-il, elles n'ont pas un fondement historique. Cette conf�rence s�int�grant dans le cadre des activit�s organis�es durant le mois du patrimoine arch�ologique d�note de la valeur de cet acquis mat�riel nous renseigne sur un certain laisser-aller provoquant inexorablement la d�perdition de ce tr�sor. Heureusement que quelques associations aspirent � venir secouer cet �tat d�esprit en commen�ant par la cr�ation d�une agence d�arch�ologie de la localit�.