Le lait pasteurisé en sachet se fait toujours aussi rare. Certains commerçants n'hésitent pas à enfreindre la réglementation en augmentant son prix, tandis que d'autres font de la vente concomitante. Les quantités de lait en poudre importé ont pourtant augmenté. La crise est bel et bien installée. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Depuis plusieurs mois déjà, les consommateurs de lait pasteurisé en sachet, subventionné par l'Etat, doivent faire d'interminables queues pour espérer en acquérir. En plus des longues files d'attente, ils doivent subir le diktat de certains commerçants qui n'hésitent pas à les forcer à acheter du lait non subventionné ou d'autres produits dérivés. Dans certaines localités, le lait subventionné est carrément vendu à 30 dinars au lieu des 25 réglementaires. La crise est bel et bien installée au moment même où les statistiques font état de l'augmentation des exportations du lait en poudre. A quoi est due la raréfaction du lait en sachet ? Selon le président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), les raisons sont à chercher dans la nature de la subvention de l'Etat et dans les dysfonctionnements au niveau de la distribution. Ce n'est pas la première fois que le système de subventions est pointé du doigt. De l'aveu même de plusieurs ministres, dont celui du Commerce, la forme actuelle des subventions est inappropriée. Qu'il s'agisse de lait ou de pain, le gouvernement réfléchit à transformer ces subventions en aides directes au profit des couches qui en ont le plus besoin. Comme pour la farine subventionnée, le lait est détourné pour la fabrication de produits à plus haute valeur ajoutée comme les fromages ou les yaourts. Certains responsables de laiteries n'hésitent pas à vendre en l'état une partie du quota de poudre de lait qui leur est livré chaque mois par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), réduisant ainsi leur offre de lait en sachet subventionné. D'un autre côté, les trois grandes centrales laitières qui approvisionnent toute la wilaya d'Alger, à savoir celle de Birkhadem, Boudouaou et Khraïssia, ont vu ces derniers mois leur quota mensuel de poudre de lait diminuer sur décision de l'Onil. Leur quota a connu une réduction de 300 tonnes par mois. A cela s'ajoute le manque d'engouement des livreurs pour la livraison du lait en raison de la faible marge bénéficiaire estimée à 0,90 dinars. Idem pour beaucoup de commerçants qui refusent de vendre désormais le lait en sachet en raison des tracas que cela engendre quotidiennement et de la faible marge qu'ils arrivent à en tirer. Résultat: dans plusieurs quartiers, les interminables queues sont devenues quasi quotidiennes au moment où le gouvernement assure que la facture des importations de poudre de lait s'est élevée en 2017 à près de 1, 5 milliard de dollars contre 1,25 milliard de dollars en 2016. Une facture qui continue à peser lourd sans que le problème récurrent de la disponibilité du lait soit réglé de manière définitive. Dernière trouvaille en date, l'installation d'une commission regroupant les secteurs du commerce et l'agriculture pour déterminer les dysfonctionnements d'une filière qui n'a pas fini de livrer tous ses secrets. N. I.