Acquérir une nouvelle voiture était un grand projet doublé d'une immense exaltation. Comptant ou à crédit, ces citoyens ont acquis l'objet de leur rêve ! Une quatre-roues. Finies les bousculades dans le bus ! Enfin, ils allaient pouvoir profiter de leur véhicule pour aller au boulot, sortir les week-ends et s'offrir des balades en famille. Quelques années plus tard, ces conducteurs ont vite déchanté. Embouteillages, rareté des espaces de stationnement, cherté du carburant et stress de la conduite les ont poussés à laisser leur voiture au garage. Sacrifiant le confort de leur automobile, ils ont renoué avec les transports en commun, ne se déplaçant qu'en bus, métro, tramway, taxi.Témoignages. Samira, 45 ans «Se déplacer en voiture dans la capitale est devenu un calvaire, à tel point que j'évite de prendre mon véhicule pour aller au travail. Entre les embouteillages et la recherche d'une place de stationnement au centre-ville, je perds plus d'une heure et demie chaque matin et autant au retour le soir chez moi. Car il faut savoir que le parking de la cité où je réside est saturé à partir de 17h. Dans certaines familles, il y a jusqu'à trois voitures. Par conséquent, à partir d'une certaine heure, il n'y a aucun espace de disponible pour se garer. Par ailleurs, le piteux état de nos routes (nids-de-poule, ornières...) et l'installation anarchique de dos d'âne partout bousillent nos véhicules. Les réparations répétitives chez le mécanicien portent un «coup de massue» à mon budget. Sans compter le prix du carburant qui ne cesse de grimper. Résultat des courses, je ne prends mon véhicule qu'à de rares occasions, notamment lors des sorties le week-end. Je préfère prendre le métro, le taxi, le bus... C'est beaucoup moins stressant finalement. J'observe qu'autour de moi, beaucoup de personnes adoptent le même système. Prendre son véhicule de nos jours est devenu vraiment problématique !» Rahim, 36 ans «C'est l'enfer de rouler en voiture actuellement en ville. D'ailleurs, j'ai complètement perdu le plaisir de la conduite. Les automobilistes sont tous énervés à cause des bouchons toute la journée. C'est un véritable casse-tête pour essayer d'arriver à l'heure au boulot. Pour me rendre à mon travail à El-Harrach, depuis El-Biar, je prends le bus ou le taxi jusqu'à la rue Didouche- Mourad et enchaîne avec le métro. Il y a un immense gain de temps. Lorsque j'ai des papiers à retirer d'une administration (daïra, tribunal...), je ne m'encombre jamais de voiture. C'est comme si avoir un véhicule représentait un lourd fardeau dans ces cas-là. Reste à déplorer le manque de moyens de transport qui freine la généralisation de cette tendance. Il est impératif de réaliser des extensions de la ligne de métro dans toutes les directions et de créer d'autres lignes de tramway afin de pousser les gens à laisser leur véhicule au garage. Aux autorités publiques d'inscrire ce projet comme une priorité dans leur programme. Il y va du bien-être de tous les citoyens et du développement économique.» Djamila, 47 ans «Je paye encore mon crédit auto et pourtant j'utilise rarement ma voiture. L'excitation de posséder un véhicule a vite tourné à la déception. Mon véhicule ne quitte le parking que lorsque mon fils est libre afin de m'accompagner. Dans l'impossibilité de se garer en ville, il fait des grands tours jusqu'à ce que je l'appelle au téléphone pour me récupérer. Je préfère me déplacer dans les transports en commun. Je me sens plus libre et plus sereine. La conduite me fatigue au plus haut point. Les automobilistes ne respectent plus rien. Ils sont hyper-nerveux, klaxonnent, dépassent à droite et cherchent à en découdre avec vous. Même le week-end, il y a des bouchons à présent dans la capitale. Les gens prennent d'assaut les mêmes espaces pour se détendre et cela crée un horrible goulot. Par conséquent, je n'ai aucune envie de me retrouver au volant. Je préfère rester chez moi pour me reposer !» Laisser la voiture au garage, à cause du stress que la conduite induit, est en train de se généraliser. Sauter dans un bus, taxi ou dans le métro semble moins contraignant pour la plupart d'entre nous, à condition que ces moyens de transport soient disponibles en plus grand nombre et avec une meilleure fréquence. Gain de temps assuré et moins de pollution environnementale garanti.