Je suis tout � fait d'accord avec le chroniqueur du Quotidien d'Oran, en ce qui concerne le poste de secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe. Nous devons donner la pr�f�rence au candidat alg�rien, m�me si sa comp�tence est tenue en haute suspicion, m�me si c'est Belkhadem en personne. Oui ! Notre candidat ne peut �tre que le meilleur, simplement parce que c'est le n�tre, qu'il est n� chez nous et que nous lui faisons tellement confiance que nous pr�f�rons le voir ailleurs. En la mati�re, et s'agissant surtout de damer le pion aux �gyptiens, nous devons voter alg�rien, tout en sachant que le SG de la Ligue n'est pas un �lu du peuple. � l'instar de ce qui se fait dans la gestion politique, �conomique et judiciaire de nos affaires, il faut qu'ils soient des n�tres. Et quand je dis des �n�tres�, cela ne renvoie pas n�cessairement � la famille, civile ou politique, aux clans ou aux coalitions gouvernementales. Nous devons ratisser large, pour une fois, car l'avenir de la Ligue et de la nation arabes est � ce prix. Les �gyptiens ne nous impressionnent pas : notre �ne est plus intelligent et mieux b�t� que le leur. Notre dromadaire consomme moins d'eau que leur chameau et notre �quipe de football serait plus forte que la leur, avec Chehata comme entra�neur. Pourquoi Chehata ? Simplement parce qu'en mati�re de superstitions et d'exorcismes, il est deux fois plus fort que Sa�dane. Mais revenons � cette bonne vieille ligue qui emp�che les �gyptiens de dormir. Il faut comprendre que ce n'est pas facile pour eux de se s�parer comme �a d'une aile enti�re de leur minist�re des Affaires �trang�res. La Ligue arabe, avec si�ge au Caire et secr�taire g�n�ral du cru, ce n'est pas seulement le symbole du rayonnement de l'�gypte sur le monde arabe. C'est aussi la chasse gard�e de tous les grands diplomates �gyptiens qui ne trouvent pas � se placer � l'ONU ou dans les grandes institutions internationales. Cependant que la Ligue est un peu leur maison de retraite, puisqu'ils n'ont pas beaucoup de travail � la cl�, l'essentiel se faisant, ou ne se faisant pas, dans d'autres sph�res. En fait, c'est l'�ventualit� de perdre cette vill�giature pour diplomates fatigu�s ou en disgr�ce aupr�s du Ra�s qui ennuie l'�gypte. Dans cette perspective, placer un de nos candidats � un poste qui n'exige aucune qualification particuli�re serait un exploit susceptible de nous consoler de nos d�boires par ailleurs. Ce qui serait encore plus rentable, politiquement parlant, c'est de faire comme les �gyptiens, et d'utiliser la Ligue arabe comme ils ont su le faire. C'est pourquoi, et d'un point de vue purement nationaliste, la candidature de Belkhadem est id�ale. Bien s�r, il n'a encore rien dit, mais si sa barbe pouvait parler, elle nous dirait tout ce qu'il y marmonne � ce sujet. Et puis, dites-moi un peu : qui regretterait Belkhadem s'il abandonnait le FLN et devenait secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe ? Les instituts de �rokia� ? Les sapeurs-pompiers et les ambulanciers mobilis�s au congr�s du parti ? Les membres du comit� central, ��lus� malgr� eux ? Qui ? Aucun de tous ceux-l� ! Ni regrets ni repentirs, il serait vraiment temps que ce monsieur aille exercer ailleurs. Il indispose des cercles de plus en larges, � vouloir se m�ler de tout, combler les silences du pr�sident et faire la le�on aux journalistes. C'est, en effet, une des derni�res lubies de Belkhadem, montrer aux journalistes comment exercer leur m�tier. Le vrai danger, ce serait qu'il aille enseigner les techniques r�dactionnelles dans la nouvelle �cole de journalisme de Ben- Aknoun. Auquel cas, il faudrait lui adjoindre le Dr Amimour, qui prendrait en charge la communication institutionnelle, telle que mise en pratique jusqu'� ce jour par l'ENTV. Nous avons un vivier d'expertise sur ce plan, ceux qui ont appris la coiffure sur les t�tes des orphelins sont pr�ts � reprendre du service ! Comme quoi, il y a r�ellement p�ril en la demeure, chers confr�res, et qu'il est urgent de l'exorciser, c'est � la mode, ou de l'�loigner. Sur qui pouvons-nous compter, alors, pour r�aliser notre objectif de conqu�rir la Ligue arabe, sans mobilisation populaire et sans efforts diplomatiques harassants ? On veut bien se d�barrasser de nos inopportuns, mais il ne faut pas croire que nous allons nous fouler la rate pour �a. D'apr�s les m�dias, nous pouvons esp�rer le soutien de nos amis syriens qui ont, eux aussi, un vieux contentieux avec l'�gypte. Il faudra pourtant se m�fier de Damas, tout en gardant un �il sur Doha, o� le gouvernement du Qatar fait fl�ches de tous bois contre les �gyptiens. Gardons-nous aussi de ces Saoudiens qui font semblant de d�battre des contes et m�comptes du wahhabisme, tout en pr�parant l'un des leurs � la rel�ve de Amr Moussa. Pour amorcer les grandes man�uvres, ce dernier a d�j� affirm� qu'il ne solliciterait pas un troisi�me mandat. Ce qui est une remise en cause du principe de renouvellement et une entorse aux traditions impos�es en la mati�re. Toutefois, Amr Moussa reste le candidat le plus cr�dible, avec un pH �gal � sept, gr�ce � un bilan aussi neutre que peut l'�tre une solution de ce type. Autant dire que notre candidat potentiel aura toutes ses chances, au cas o� se confirmerait le retrait de Amr Moussa. Faisant contre mauvaise fortune bon c�ur, les �gyptiens feignent de se d�sint�resser de la question, et certains jouent sur le registre de la d�rision. Sammy Al-Buha�ri, l'un des chroniqueurs attitr�s du magazine Elaph, y a tremp� sa plume cette semaine. Pour lui, c'est la candidature du directeur de la Tour-H�tel de Duba�, Bordj-Alarab, qui semble le plus qualifi�e. Pourquoi ? Parce que la Ligue arabe est un h�tel o� descendent les chefs d'�tat arabes, et il n'y a pas mieux qu'un directeur d'h�tel pour la g�rer. Mais comme il y a de fortes chances pour que le directeur de Bordj-Alarab refuse le poste, Sammy Albuha�ri a sollicit� un autre candidat. Il est ainsi all� voir le chanteur Mohamed Cha�bane, dit Cha�boula, qui d�gustait son narghil� devant son �choppe du Caire. D'entr�e, l'auteur de la c�l�bre chanson J'aime Amr Moussa et je d�teste Isra�l, oppose son argument massue : �Je n'ai rien � faire dans cette ligue, je suis un simple repasseur devenu chanteur. Je sais chanter, seulement.� �C'est vrai, admet le chroniqueur, mais �a fait 65 ans que les chefs d'�tat arabes nous chantent la m�me chanson et plus personne ne les �coute. Toi, au moins, tout le monde reprend en ch�ur tes paroles.� Pour r�futer le dernier argument de Cha�boula, selon lequel il n'a aucune qualification pour ce poste, Sammy Al- Buha�ri r�torque que �le poste de secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe ne requiert ni des aptitudes, ni des comp�tences particuli�res�. Cha�boula accepte enfin, mais � condition d'�tre pay� en euros et non pas en dollars. Ce qui prouve seulement qu'il n'aime pas les Am�ricains, son int�r�t pour les fluctuations mon�taires n'�tant pas �vident. Trop s�rieux, trop arabe comme � son habitude, le patron du quotidien londonien Al-Quds, Abdelbari Atouane, ass�ne dans son �ditorial de ce samedi : �Nous le voulons �gyptien, mais avec notre cahier des charges.� Autrement dit : le prochain secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe devra rouvrir la fronti�re avec Ghaza, soutenir le Hezbollah et la Syrie. En clair, M. Atouane veut un candidat �gyptien, seulement �gyptien, et en accord avec les opinions du directeur d' Al-Quds. Le vrai cauchemar pour l'�ditorialiste, ce serait que le prochain SG de la Ligue soit non seulement alg�rien, mais kabyle de surcro�t. Qu'il se rassure, nous n'avons, pour l'instant, qu'un seul et unique candidat. Et tout le peuple alg�rien est derri�re lui pour lui dire : �Bon vent !�