Reportage réalisé par Yazid Yahiaoui Vendredi 30 mars 2018. Nous sommes à Tikjda. Pour la énième fois, dirions-nous. Mais comme la première fois où nous l'avions découverte, Tikjda, avec ses magnifiques paysages, ses monts enneigés, ses cèdres séculaires et ses reliefs verdoyants, a toujours quelque chose d'original à nous offrir. Au point où, pourrions-nous dire sans nous tromper, jamais n'existe un lieu pareil dont on ne se lassera jamais. Ce jeudi, nous sommes partis pour la énième fois vers ces lieux paradisiaques. Et comme les fois précédentes, nous nous sommes retrouvés, emportés par ces images d'enfants, de femmes et d'hommes qui découvrent pour la première fois les paysages et les lieux et dont les visages expriment mieux que tout autre langage cette plénitude que l'on ressent dans pareils endroits. Ce jeudi, et au fur et à mesure que l'on s'approchait du CNSLT (Centre national des sports et loisirs de Tikjda ), lieu touristique par excellence mais pas accessible à toutes les bourses, des centaines de véhicules et autres bus et fourgons d'excursions sont stationnés de part et d'autre de la RN33, la route nationale qui traverse les lieux sauvages mais ensorceleurs, d'est en ouest. Des centaines de véhicules stationnés et des milliers de visiteurs qui sont là à marcher sur la neige, ou à monter là-haut pour quelques téméraires pour atteindre les plus hautes cimes et les meilleurs blocs de neige. Des enfants qui gambadent comme de petits agneaux, qui jouent aux boules de neige, qui rient, des parents qui sont tout souriants, des passants qui vous lancent des sourires, des visages illuminés par la joie des lieux... un beau tableau, un décor que l'Algérien a perdu depuis belle lurette dans ses villes et dans ses campagnes. Et même... dans nos chaumières, malheureusement. Des décors qui doivent inciter les pouvoirs publics à organiser des conseils ministériels spéciaux pour relancer l'activité touristique dans ces endroits que beaucoup de familles algériennes visitent surtout pendant les vacances scolaires, d'hiver et de printemps. Et même l'été. Attirées qu'elles sont par la beauté des paysages, le calme divin des lieux. Et présentement, par la neige tardive. Les randonnées et le ski de loisirs. Car pour le ski professionnel, et vu le glissement de saisons constaté ces dernières années, la neige enveloppe nos montagnes mais pas pour longtemps. Celle-ci fond rapidement avec les températures saisonnières qui sont déjà remontées. Bien sûr, au niveau du CNSLT, la Fasm (la Fédération algérienne des sports de montagne) est toujours là avec ses athlètes en quête d'une moindre occasion ou période – aussi courte soit-elle – pour lancer ses athlètes sur ces hautes cimes et occuper pendant un temps ces belles aires de ski là-haut dans l'Akouker. Mais pour le moment, et avec la présence de cette neige providentielle pendant ces vacances scolaires de printemps, et en attendant que les remontées mécaniques, promises par l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, soient réalisées, le CNSLT et avec ses moniteurs, sont là à proposer aux visiteurs des cours d'initiation au ski. Selon M. Mohand-Ameziane Belkacemi, l'assistant du directeur général en communication au niveau du CNSLT, le centre propose des cours de ski pour les visiteurs pendant une demi-journée en offrant la paire de skis, les bâtons d'équilibre et un moniteur ; le tout pour 1 500 dinars. Des cours qui sont très appréciés par les amateurs de ski, surtout les enfants, car, selon notre interlocuteur, la plupart du temps, les parents craignent les fractures. Cela étant, rappelons que ces cours sont dispensés au niveau du col de l'Akouker mais plus bas, à côté de la RN33 et à quelque 6 kilomètres à l'est du CNSLT, la deuxième aire d'apprentissage est située du côté de Tighzert, au chalet du Kaf et un troisième mais celui-ci pour des adolescents et adultes, à Tigounatine, un peu plus haut depuis le chalet du Kaf. Un lieu que l'on atteint après une marche de quelques kilomètres à travers des sentiers abrupts et avec une grande pente. Cela étant, notre interlocuteur rappelle que ces aires d'apprentissage sont du plat ; les apprentis se lançant avec les skis et sur une vingtaine de mètres avant de revenir en marchant pour refaire l'essai. Jusqu'à ce que l'enfant apprenne l'équilibre, puis la position pour démarrer. D'ailleurs, l'objectif de ces cours d'initiation est, d'abord et avant tout, de permettre aux enfants de vaincre cette phobie et avoir les bases élémentaires du sport de ski. Cela étant, rappelons que lorsque nous avons visité les lieux, nous avons trouvé, là aussi, la même ambiance bon enfant ; des dizaines de familles avec leurs enfants, garçons et filles à crier de joie, à faire mille et un gestes dans la quête d'équilibre avant ... de tomber à la renverse sous les applaudissements des parents et des frères et sœurs, mais aussi du moniteur qui les relève pour une autre tentative. Et le tout dans une ambiance... des meilleurs moments de la vie. Des moments où l'on oublie tout ... et des endroits qui nous offrent la meilleure thérapie contre le stress et la psychose généralisée de nos jours. Des moments d'évasion. De joie. De plénitude. Surtout que, outre ces cours d'initiation au ski assurés généralement aux enfants, le CNSLT propose aux parents et aux adultes des randonnées sur neige, à l'aide de raquettes spéciales et des guides. En somme, des programmes concoctés par des équipes du CNSLT tout au long de l'année, avec pour chaque saison, ses spécificités et ce, afin d'assurer aux visiteurs et aux clients du centre des séjours agréables et inoubliables. Aussi, pour revenir au gouvernement, il serait peut-être plus que temps pour penser sérieusement à la relance des projets de ZEST (Zone d'extension et sites touristiques) dans ces endroits. Nous pensons particulièrement à Tikjda et Tala-Rana, du côté de Saharidj dans la wilaya de Bouira, mais également à Chréa dans la wilaya de Blida, Theniet-el-Had dans l'Ouersenis, à Tissemsilt, etc. Des endroits qui possèdent cette particularité et ce don de notre généreuse nature : l'air pur et frais des hautes altitudes et bien sûr, la neige en hiver, que bien des peuples pourront nous envier. Car, pour revenir à nos milliers de visiteurs, du côté du CNSLT, M. Belkacemi assure que depuis pratiquement le début de la saison hivernale, la majorité du temps, et surtout pendant ces vacances de printemps, les quatre unités d'accueil en termes d'hébergement que sont le bloc principal, le Djurdjura, l'auberge et le chalet du Kaf, affichent complet. Et quand bien même ces unités cumulent quelque 460 lits actuellement et que, dans un futur proche, toujours selon M. Belkacemi, avec la réception prochaine du collectif bas et ses 162 lits, ainsi que le deuxième bloc principal qui est en rénovation, le CNSLT atteindra les 800 lits ; avec pour le collectif bas, des prix qui seront à la portée du large public ; même avec tout cela, cela restera toujours insuffisant. Ce jeudi, et même avec toutes ces belles images que nous avons énumérées, nous avons été frappés par certaines images désolantes : comme ces vieilles dames, des grands-mères qui se retrouvent à manger des sandwichs devant des gargotes ambulantes et à l'hygiène douteuse ; ou encore ces femmes qui font la queue pour acheter les barbes à papa, rien que pour apaiser une faim qui tenaille leurs estomacs dans ces endroits dont les repas à l'intérieur du CNSLT et ses quatre unités restent inaccessibles à la plupart des bourses, surtout pour ceux qui voyagent avec leur nombreuse progéniture. Aussi, nous ne le dirons jamais assez, même avec la réception de toutes ces nouvelles infrastructures, la demande en termes de restauration et même d'accueil avec des prix concurrentiels sera toujours limitée si les pouvoirs publics et le gouvernement ne s'attellent, pas dès à présent, à encourager le privé à y investir avec de nouveaux hôtels et de nouvelles structures commerciales. D'ailleurs, à ce sujet, nous ne pouvons que louer l'initiative de l'actuel ministre de l'Energie qui a récemment, en visite dans la wilaya de Bouira, donné son accord pour la réalisation d'une station de service à Tikjda en disant qu'il était anormal qu'une telle région qui accueille des milliers de véhicules, soit privée d'une pareille structure. Espérons que le gouvernement suivra l'exemple du ministre de l'Energie en pensant aux dizaines de milliers de citoyens et leurs besoins en termes d'hébergement, restauration, sanitaires, pharmacie, antenne postale, banques, artisanat, etc. Et d'abord, ces ministres doivent faire des virées spéciales dans ces endroits. A commencer par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Peut-être qu'une randonnée du staff du gouvernement vers le lac Goulimine, qui culmine à 1 500 mètres d'altitude, le lac le plus haut d'Afrique, donnera des idées fraîches à nos ministres. Surtout avec la bénédiction des saints de nos montagnes majestueuses et orgueilleuses. Y. Y.