La célébration de la Journée du militant initiée par le FFS, en hommage à Ali Mecili victime d'un assassinat politique, le 7 avril 1985, à Paris, a donné lieu à une série d'activités. Une occasion pour le duo Ali Laskri, député, et Hadj Djilani, premier secrétaire national de sortir sur le terrain et d'aller à la rencontre des militants du parti. Après le meeting organisé près de Boghni, une trentaine de kilomètres au sud de Tizi-Ouzou, dans la matinée de jeudi dernier, les deux cadres dirigeants du FFS ont animé, dans l'après-midi du même jour, un meeting à Draâ-Ben-Khedda, à l'initiative de la section locale du parti. Ceux qui s'attendaient à l'évocation du congrès extraordinaire du 20 avril prochain et du contentieux organique sur la reconstitution de l'isntance présidentielle ont dû déchanter. Le membre démissionnaire du présidium et le premier secrétaire national du FFS se sont longuement étalés sur des questions de l'actualité nationale et l'évocation de la mémoire d'Ali Mecili, un opposant pour «délit d'amour à son pays», dénonce-t-on au FFS. Pourtant, le rendez-vous organique du 20 avril prochain que tout le monde estime décisif pour la cohésion du plus vieux parti de l'opposition en Algérie était sur toutes les lèvres. Beaucoup de militants présents dans la salle «Le Hoggar» de Draâ-Ben-Khedda espéraient débattre de la question, à l'occasion de la venue de ces deux responsables qui ont affiché publiquement leur divergence avec une partie de la direction nationale sur la manière de régler la crise née de la démission du député Ali Laskri, le troisième membre restant sur les cinq qui constituaient l'instance présidentielle. Le meeting qui sera finalement amputé de la rubrique «débat», qui était bien en vue sur l'affiche diffusée sur la page Facebook du parti, ne sera, finalement, pas le moment pour le duo A. Laskri-H. Djilani de faire la promotion de leur argumentaire et lancer une opération de charme en direction des militants comme le subodoraient et le souhaitaient d'aucuns. Et les signes pour attester de cette attente n'ont pas manqué d'apparaître aux yeux de l'observateur attentif aux contradictions qui traversent actuellement le FFS. Il y a, d'abord, la présence de certaines figures connues, d'anciens cadres ou élus locaux, nationaux anciens ou nouveaux ou de simples militants qui ont été mis en marge à un moment ou un autre en marge par les tenants de la décision politique et organique au sein du parti. On citera pêle-mêle, le Dr Moussa Tadamartaza, sénateur en exercice ; Sadli Malek, ancien cadre et député ; Farid Bouaziz, écarté de ses responsabilités de premier responsable de la fédération de Tizi-Ouzou ; R. Ladaouri, ex-élu APW et président de la commission de l'agriculture. Il y a aussi les absents comme les actuels parlementaires ou de nombreux élus locaux en vue. Il y a, en outre, ces confidences qui nous ont été soufflées par des militants rencontrés durant le meeting ou saisies au vol lors de discussions entre groupes de militants et, surtout, cette voix autorisée qui a requis l'anonymat et qui a soutenu «off the record» que «la décision doit changer de camp !» Tous ces avis convergent vers un seul but, le respect de la souveraineté politique et organique au sein du parti et la restitution du pouvoir de décision au militant. Dans leurs interventions devant les militants, où ils se garderont d'évoquer le rendez-vous organique du 20 avril prochain, Ali Laskri et Hadj Djilani développeront un discours très critique de la gestion actuelle du pays, sur les plans social, économique et politique. Ils rendront un hommage appuyé à l'ancien cadre dirigeant du FFS et compagnon de feu Aït Ahmed. Ils loueront les qualités du militant engagé dans les rangs de l'ALN qui a préféré, après des années poursuivre le combat pour la défense de la démocratie et rassembler les énergies politiques de l'Algérie. A. Laskri, qui a dénoncé les dérives anti-sociales et anti-démocratiques du régime, appellera les militants de son parti à la défense de la mémoire d'Ali Mecili et à s'inspirer des valeurs incarnées par ce militant qui a voulu rassembler les Algériens au-delà des différences politiques et des clivages idéologiques. De son côté, H. Djilali ne manquera pas lui aussi de rendre un hommage appuyé au compagnon d'Aït Ahmed, Ali Mecili, dénonçant l'assassinat de celui-ci «par un vulgaire truand en service commandé», ainsi que de nombreuses autres militants du FFS comme M'barek Mahiou, et Rabah Aïssat. «La Journée du militant (initiée par le FFS, ndlr) est l'occasion d'exiger que la vérité soit faite sur ces assassinats politiques. C'est l'occasion de réclamer la réhabilitation des anciens militants de 1963», dira le premier secrétaire national du FFS. Très critique lui aussi de la gouvernance actuelle du pays sur les plans politique, économique et social, l'orateur fixera «des lignes rouges à ne jamais franchir. Notre ligne rouge aujourd'hui, c'est l'Etat de droit, les libertés démocratiques, c'est la sacralité de la souveraineté et de la souveraineté de l'unité nationale, l'indivisibilité du territoire et la préservation de l'Etat social en opposition à l'Etat libéral conformément à la déclaration du 1er Novembre 1954», affirmera Djilani qui s'est montré rassurant sur la capacité du FFS à résister «malgré les épreuves multiples qu'il a affrontées» aux menées de déstabilisation qui sont fomentées contre lui par le pouvoir. S. A. M.