Double tenant de la Ligue des champions, le Real Madrid a balayé la Juventus en quart aller (3-0) et reçoit au retour ce soir (19h45) avec une étiquette de favori pour la victoire finale... dont l'entraîneur Zinédine Zidane se serait bien passé. «On joue notre vie et notre saison» ce mercredi, a été contraint de rappeler le technicien français dimanche, tentant de dissiper l'euphorie qui s'est emparée de Madrid. Mais difficile d'échapper à l'enthousiasme quand on reste sur deux sacres européens d'affilée et qu'on vient d'étriller le finaliste 2017 à Turin la semaine dernière, avec au passage un retourné anthologique de Cristiano Ronaldo. De l'avis général, le Real a montré le meilleur visage parmi les prétendants 2018 à la couronne continentale, en dépit d'une saison plus irrégulière que la précédente. D'abord en domptant l'ambitieux Paris SG en huitièmes (3-1, 2-1), ensuite en infligeant à la Juve une gifle mémorable. Bref, tous les supporters madrilènes rêvent déjà de la «Decimotercera», la 13e C1 de l'histoire du club, et d'une troisième couronne consécutive, performance inédite dans l'épreuve-reine européenne depuis le Bayern Munich (1974, 1975, 1976). Même Diego Simeone, l'entraîneur de l'Atlético Madrid, reconnaît à l'encombrant voisin merengue le statut de favori pour atteindre et gagner la finale de Kiev le 26 mai. «Je ne veux rien entendre» «Il semble bien que le Real est à nouveau en très bonne position», a concédé le technicien argentin après le derby madrilène dimanche en Liga (1-1). «Quand la lumière de la Ligue des champions s'allume, ce club a une force différente et l'histoire l'a montré. Ce serait logique qu'il soit à nouveau proche de gagner.» Simeone, dont l'équipe a été éliminée prématurément cette saison et reversée en Europa League, a payé pour apprendre: son Atlético a perdu deux finales de C1 face au Real en 2014 et 2016, puis s'est fait sortir en demies, en 2017, par le même adversaire... Mais depuis deux ans qu'il est entraîneur de l'équipe première, Zidane a un mantra: son équipe n'est jamais favorite et chaque match se joue à 50-50. Dimanche, il a vivement répondu à un journaliste espagnol en conférence de presse qui lui rapportait les éloges de Simeone : «Cela ne me plaît pas du tout, je ne veux rien entendre», a-t-il riposté. «Tout le monde nous voit déjà en demi-finale et c'est justement ce qu'il ne faut pas se mettre dans la tête», a insisté Zidane. «Je suis sec (sur ce sujet) parce que c'est ce que tout le monde veut essayer de nous mettre dans la tête, alors que nous on sait très bien qu'on va devoir souffrir encore mercredi pour passer.» «On ne sait jamais» Alors quoi, y a-t-il un risque de «remontada» italienne ce soir à Santiago-Bernabeu, alors que la Juventus jouera sans son attaquant-vedette Paulo Dybala, exclu à l'aller ? Les Turinois savent sans doute que le Real n'a plus battu la Juve en confrontation aller-retour depuis 1986. Et ils espèrent un exploit pour priver les Madrilènes d'une huitième demi-finale de C1 d'affilée. «Dans le foot, on ne sait jamais. Ce qui nous est arrivé à l'aller peut leur arriver au retour», a prévenu samedi l'entraîneur italien Massimiliano Allegri. Il récupère le stratège Miralem Pjanic et le défenseur Mehdi Benatia, suspendus à l'aller. A l'inverse, le Real sera privé de son capitaine et patron défensif, Sergio Ramos. Qui accompagnera Raphaël Varane en charnière centrale ? Jesus Vallejo, incertain, ou le milieu Casemiro, en redescendant d'un cran ? Le grand atout de la «Maison blanche», c'est la forme retrouvée de Ronaldo: avant de disputer mercredi son 150e match en C1 (119 buts à ce jour), le Portugais compte 14 buts cette saison, à trois longueurs de son record sur une seule édition (17 buts en 2013-2014). Et il peut marquer pour le 11e match de C1 d'affilée aujourd'hui... «C'est mieux d'avoir Cristiano avec nous», a souri Zidane. Preuve que le Français garde de bonnes raisons d'être enthousiaste.