La perspective relève politiquement de l'éternel recommencement, puisqu'à moins d'un cataclysme, le cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika est déjà une certitude. La perspective est tout de même différente, non pas parce qu'il reste encore quelque doute mais parce qu'une évolution extrapolitique des choses, celles liées à l'état de santé du chef de l'Etat essentiellement, est toujours possible. Si tout «se passe bien» d'ici le printemps 2019, eh bien... tout se passera bien. On aura du mal à trouver quelques candidatures qui ne fassent pas trop sourire dans la commissure des lèvres, on soulèvera comme on peut les montagnes d'un candidat à la magistrature suprême physiquement absent de sa campagne électorale, on s'arrangera pour le taux de participation et au bout, des résultats qui ne fassent pas brejnéviens sans laisser de place au doute pour autant. Avant d'en arriver là, les guerres de position ont déjà commencé, intra et extra-muros, bien avant que les signes avant-coureurs du cinquième mandat ne soient aussi nettement visibles et audibles comme c'est le cas depuis quelques semaines. Au FLN, que ce soit dans les rangs organiques ou périphériques, on aura d'abord remarqué les enfiévrées courses aux annonces. Mais pas que, puisque Tliba, dont on dit qu'il a été actionné par Saâdani, a été sèchement remis à sa place au point de se coucher, avec un peu glorieux mea-culpa. Ziari, lui, s'est fendu d'un cours magistral sur la refondation du FLN avant de revenir aux... choses sérieuses. D'abord en contestant la légitimité d'Ould-Abbès dans l'appel à la «continuité», ensuite en étalant sa disponibilité au soutien actif à la candidature du chef de l'Etat, au demeurant sans surprise. Pendant ce temps, les échanges d'amabilité n'ont pas cessé entre Ouyahia et Ould-Abbès, Louisa Hanoune s'en prend aux deux, Belkhadem tâte le terrain d'un possible retour, les «7 et les 8» bougent comme ils peuvent et les islamistes guettent. Une fois n'est pas coutume, il n'y a pas que les batailles de seconds couteaux qui se préparent, même si c'est à l'intérieur du système que les places se négocient. La culture de la compétition politique loyale n'étant pas encore intégrée chez tout ce beau monde, la perspective immédiate d'un scrutin régulier étant toujours une vue de l'esprit, c'est dans un mélange de certitude et de doute que se prépare l'échéance présidentielle, à moins que quelque chose de vraiment spectaculaire ne vienne chambouler le tout. Surtout qu'une candidature alternative du système devient de plus en plus problématique. D'abord parce que celles souhaitées auront du mal à passer y compris avec les méthodes du passé. Ensuite parce qu'une autre, dont les casseroles seraient moins bruyantes, il faudra commencer par la trouver. S. L.