Derrière l'initiative de Baha Eddine Tliba se cache la tentative d'un cercle du pouvoir de pousser l'entourage du Président à abattre ses cartes dans l'éventualité d'un 5e mandat. La coordination de soutien au 5e mandat de Bouteflika a reçu du plomb dans l'aile, quelques heures après l'annonce de sa création par Baha Eddine Tliba, député FLN de Annaba et membre du comité central. Hier, les personnalités politiques censées appuyer la création de la coordination se sont démarquées de l'initiative de l'ancien vice-président de l'APN. Dans une déclaration à TSA, un proche de Abdelmalek Sellal, a affirmé que l'ancien Premier ministre n'a été «ni informé ni consulté» par le député de Annaba et qu' «il n'a à aucun moment donné son accord» pour figurer sur cette liste. En privé, Abdelaziz Belkhadem tient le même discours à ceux qui l'ont contacté hier. Pour l'ancien secrétaire général du FLN, il n'a «jamais été consulté ni de près ni de loin par M. Tliba». «Vous me voyez me mettre derrière la bannière de Baha Eddine Tliba pour soutenir le Président pour un nouveau mandat», a affirmé l'ancien Premier ministre à un de ses interlocuteurs. Cette initiative intervient alors que la question d'une nouvelle candidature de Bouteflika pour un 5e mandat est un sujet tabou au FLN, à tel point que le secrétaire général du parti a intimé l'ordre aux militants et aux cadres de ne pas aborder la question. «Il est catégoriquement interdit de parler du 5e mandat. Il faut travailler sérieusement dans l'opération de recensement de ce qui a été fait», a déclaré samedi dernier le secrétaire général du FLN. Dans ces conditions, comment expliquer la démarche de Baha Eddine Tliba ? «M. Tliba agit pour le compte de certains cercles du pouvoir qui cherchent à connaître les intentions du clan Bouteflika», explique un ancien ministre. En clair, l'initiative consisterait à faire sortir du bois le frère du Président. «Soit l'initiative reçoit l'assentiment de la Présidence et, dans ces conditions, la candidature ne fait plus aucun doute, ou bien elle se fait retoquer et le cercle présidentiel maintient la pression sur les autres parties du pouvoir», résume l'ancien ministre. En décrétant le mutisme autour d'une nouvelle candidature, le clan Bouteflika veut rester maître du jeu et du timing. A un peu moins de 15 mois avant l'élection, l'entourage n'a aucun intérêt à se dévoiler et tout intérêt à maintenir le suspense pour empêcher les autres cercles du pouvoir d'organiser l'émergence d'une autre candidature. C'est le cas du Premier ministre Ouyahia, qui lie son destin présidentiel au retrait du Président. «Je ne serai pas candidat à la présidentielle si Bouteflika opte pour un 5e mandat», a annoncé Ouyahia lors de sa conférence de presse du 20 janvier. A un peu plus d'une année de la présidentielle, l'état de santé du Président est l'autre grande inconnue et son état physique sera déterminant au moment de la décision finale. «Il ne faut pas oublier la situation économique du pays, avertit un connaisseur des arcanes du pouvoir. Si la situation devait se dégrader, la question d'un nouveau mandat se posera au sein même de la famille du Président.» En attendant la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat est devenue le secret le mieux gardé de la République.