Le siège du FLN «L'activisme» de Tliba est une opération qui n'a pas été décidée au sein du FLN. Encore moins en haut lieu. Si ce député de Annaba n'a pas été mandaté par le FLN, par qui a-t-il pu l'être? Qui a poussé Tliba à se lancer dans une agitation politico-médiatique, vite démentie par les responsables du FLN et ses parlementaires? Cette agitation répond-elle uniquement au besoin de servir des intérêts personnels? Qui a mandaté Tliba? Un communiqué pose bien la question. Celui de Ould Abbès, le secrétaire général du FLN, publié il y a quarante-huit heures. «Nous n'avons jamais mandaté Tliba pour parler du cinquième mandat. Jamais. Au contraire. D'ailleurs, nous allons le rappeler à l'ordre. J'ai déclenché une enquête pour avoir les tenants et les aboutissants de cette affaire qui a pris une certaine tournure», a déclaré le patron du FLN après l'initiative en solo du député de Annaba. Ce dernier, dans un entretien accordé dimanche dernier au site TSA Arabi, a non seulement annoncé la création d'une coordination pour le soutien au cinquième mandat du président Bouteflika, mais également les noms des personnalités politiques qui auraient rejoint son initiative. Parmi eux, figurent des poids lourds de la scène politique comme les deux ex-Premiers ministres, Abdelaziz Belkhadem et Abdelmalek Sellal, l'ancien secrétaire général du FLN Amar Saâdani ou encore d'ex-ministres comme Hamid Grine et Ouali Abdelkader, Chakib Khelil, El Hadi Ould Ali, Said Bouhadja et Abdelwahab Nouri. «Des personnalités m'ont appelé pour me dire qu'elles n'étaient pas au courant de ce qui se passe», a révélé Djamel Ould Abbès avant d'ajouter: «Je l'ai encore dit et répété (...) Ce n'est pas le moment de parler du cinquième mandat. Dans aucun pays, on ne parle d'un mandat présidentiel, un an et demi avant, jamais.» Et d'insister encore: «Il est formellement interdit d'aborder l'affaire du cinquième mandat. Nous travaillons sérieusement pour établir un bilan et évaluer ce qui a été réalisé par le président Bouteflika. Les opinions publiques nationale et internationale doivent être mises au courant sur ce qui a été fait en Algérie. La décision du cinquième mandat est chez le président de la République et président du parti, pas chez nous. Le temps viendra pour en parler, mais ce n'est pas encore dans notre agenda.» La réponse de Ould Abbès ne s'est pas fait attendre. Dans sa réaction, tombée comme un couperet, le premier responsable du FLN tient à mettre un terme au trouble semé par Tliba après la publication de sa «supposée» liste. Et pour ce faire, il recourt à des termes simples et clairs en affirmant que «l'activisme» de Tliba est une opération qui n'a pas été décidée au sein du FLN. Encore moins en haut lieu. Djamel Ould Abbès dont le parti est le premier concerné par la question du cinquième mandat du fait que le président de la République est le président du FLN, a multiplié les mises en garde à l'adresse de ses militants du FLN, leur interdisant d'évoquer la prochaine élection présidentielle. Mais, il est clair que Tliba n'en fait qu'à sa tête. Si ce député n'a pas été mandaté par le FLN, par qui a-t-il pu l'être? Qui a poussé Tliba à se lancer dans une agitation politico-médiatique, vite démentie par les responsables du FLN, les vrais concernés par la présidentielle 2019, ainsi que par les structures de ce parti, à savoir le groupe parlementaire. Tliba ne peut pas engager sa responsabilité et celles de plusieurs cadres de l'Etat sur un coup de tête dans un dossier aussi sensible? Selon des observateurs de la scène politique, l'agitation de Tliba répond à un besoin de servir ses intérêts personnels et est loin de s'inscrire dans une démarche d'un parti politique. Ces derniers s'accordent à souligner que le député de Annaba, un novice au FLN comparé au cacique de ce parti et qui en plus n'est pas proche du cercle présidentiel, n'a pas le profil pour être désigné parmi les personnalités qui peuvent être chargées de mener campagne pour le cinquième mandat dans le cas où il est question de cinquième mandat. Tliba, faut-il le rappeler, n'a jamais été impliqué dans aucune campagne présidentielle et son parcours est loin de lui conférer le statut d'un leader pour cette mission. A bien réfléchir, il est difficile d'imaginer que des personnalités comme Sellal ou encore Belkhadem qui ont eu à diriger les différentes campagnes du président Bouteflika, vont accepter d'être sous la coupe de Tliba. Ces derniers ont-ils besoin d'être chaperonnés? D'ailleurs, pour démentir les propos de Tliba quant à leur adhésion à cette initiative, ils ont choisi le canal du parti donnant l'occasion à Ould Abbès de faire un sévère rappel à l'ordre à son député. Car, la présidentielle de 2019 est un enjeu politique très important qui concerne 40 millions d'Algériens et près de la moitié d'électeurs. Tliba n'est pas le premier à courir derrière le triomphe en se lançant dans la précampagne pour la présidentielle de 2019. D'autres l'ont fait avant lui et ont été rappelés à l'ordre. A qui le tour?