Le négociant en pétrole Gunvor, basé en Suisse, rejoint l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Eiti), dont l'objectif est de réduire les risques de corruption. Il va publier les milliards de dollars de paiements effectués pour la vente et l'achat de pétrole dans une cinquantaine de pays. L'un des négociants de pétrole les plus secrets au monde a décidé de lever un coin du voile sur ses transactions. Gunvor a annoncé, la semaine dernière, qu'il rejoignait l'Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI). Cette organisation engage les gouvernements à publier, sur la base du volontariat, les sommes reçues de la part des entreprises extractives pour les comparer aux versements déclarés par les industriels. Dans quelques semaines, Gunvor, maison de négoce indépendante qui opère dans plus d'une centaine de pays, publiera donc les milliards de dollars de paiements qu'elle effectue pour la vente et l'achat de pétrole dans la cinquantaine de pays membres de l'Initiative. Ces données figureront dans son rapport annuel sur le développement durable. Le groupe, basé en Suisse, qui négocie environ 2,5 millions de barils par jour, l'assure : la déclaration des sommes payées aux gouvernements pour les ventes d'or noir doit servir à «réduire le risque de corruption et à améliorer la responsabilité des entreprises publiques qui vendent le pétrole et le gaz au nom du gouvernement». «Défendre une politique et des pratiques progressistes» Une soixantaine de groupes miniers, gaziers et pétroliers — dont la firme française Total — soutiennent l'Initiative internationale montée en 2003 et ont adopté ces dernières années des normes communes de transparence. Mais on ne comptait aucun négociant de matières premières jusqu'à l'arrivée de Trafigura fin 2014. Ce dernier a incité, depuis, ses principaux concurrents, Vitol, Mercuria ou Gunvor, à faire de même. «Nous sommes une des plus importantes sociétés de trading physique d'énergie dans le monde et, en tant que telle, nous reconnaissons que nous avons un rôle à jouer pour promouvoir la transparence et la responsabilité, admet aujourd'hui le patron et cofondateur de Gunvor. Le soutien de la société de négoce à l'EITI confirme notre engagement à défendre une politique et des pratiques progressistes dans le secteur pétrolier et gazier.» Après Trafigura puis Gunvor, d'autres négociants pourraient être davantage enclins à rejoindre l'EITI. De son côté, Glencore se conforme aux normes EITI pour ses activités minières et d'extraction de pétrole, mais, pour l'heure, pas pour le négoce. Régulièrement critiqués pour l'opacité de leurs méthodes, les négociants en ressources naturelles doivent aujourd'hui se montrer plus transparents. Notamment pour attirer de nouveaux investisseurs, mais aussi pour rassurer leurs créanciers. L'enjeu est crucial. Le secteur dépend des banques pour financer une activité qui nécessite une liquidité considérable. Or les établissements financiers, soumis à présent à un contrôle extrêmement fort, ne peuvent pas se retrouver en tort.