En dépit des mutations socioculturelles qu'a connues la société algérienne ces quinze dernières années avec la révolution numérique dans la vie des gens, force est de constater que les jeux populaires traditionnels durant le mois de Ramadhan demeurent un phénomène social qui a sa place dans les soirées ramadanesques. Après la rupture du jeûne, les cafés sont pris d'assaut par les jeûneurs qui se bousculent au portillon de ces espaces pour siroter le sacré café mais aussi pour réserver une table. A cet effet, les jeux de cartes et l'interminable partie de domino, de jeu de dames et «el khatem» sont les passions par excellence de nombreux citoyens après la rupture du jeûne à Jijel et dans de nombreuses communes et localités de la wilaya. Le jeu «el khatem» est un jeu très répandu parmi les jeûneurs notamment dans la partie est de la wilaya, dans les communes de Djemma-Benihebibi, El-Ancer, Bourraoui-Belhadef. Ce jeu consiste à former deux équipes de 10 à 15 membres puis d'effectuer un tirage au sort pour désigner la personne à qui on confie el khatem. Celle-ci sera chargée de la dissimuler quelque part et la recherche sera lancée pour trouver cette bague par l'équipe adverse. Cette recherche qui dure parfois des heures crée des moments de suspense et une bonne ambiance parmi les membres de l'équipe et les curieux. Ce jeu populaire meuble les soirées des citoyens dont l'âge varie de 20 à 70 ans dans ces régions, nous a confié Messaoud, un habitant de la commune de Djemaâ-Beni-Hebibi, ajoutant qu'il attire même les plus jeunes. D'autre part, le jeu de dames occupe une place de choix parmi ces jeux populaires dans de nombreuses régions de la wilaya. Il attire de nombreux fans et suscite une grande rivalité car le perdant des parties doit payer les frais des consommations. A l'instar de certaines communes de la wilaya, Chekfa est réputée pour ses grands joueurs de dames qui ont laissé leurs traces à l'instar de notre défunt ammi Ahmed Bousdrine et son fils Salah, le défunt El Daoui Sadeki, Nacer Boulassel, Ammar Sadeki, Ahcen Boulassel, Abdelaziz Boudjemaâ. Certains vieux de cet ancien village colonial se souviennent toujours des exploits du défunt Deker dont la notoriété a dépassé les frontières de cette région. Il y a lieu de souligner que certains passionnés de ce jeu parcourent des kilomètres pour jouer des parties de dames avec des copains, comme c'est le cas de ammi Ahmed, septuagénaire, patriote, originaire de Chahna. «Chaque mois de Ramadhan, j'ai l'envie de me déplacer pour jouer des parties avec mes amis et copains avec qui j'ai partagé la période de la décennie noire.» De son côté, Mustapha, cadre d'administration, habitant la commune de Texenna, affirme : «Les jeux de cartes, de domino et de dames sont le lot quotidien chaque soir après la rupture du jeûne. Moi, personnellement, le domino est une passion pour moi. Les parties de jeux se poursuivent jusqu'à une heure tardive de la nuit, parfois jusqu'à l'imsek. On trouve des personnes de tous les âges, de 16 à 75 ans, qui partagent cette passion ancrée dans la tradition locale durant ce mois de carême», a-t-il conclu. Bouhali Mohammed Cherif