Les industriels algériens sont-ils à même, aujourd'hui, de contribuer à la relance de l'économie hors hydrocarbures ? C'est un pari tout à fait jouable à condition d'avoir «une stabilité réglementaire», selon le président de la Fédération algérienne de l'agroalimentaire Abdelwahab Ziani. Ce dernier s'exprimant, hier, à l'émission «l'Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne a répondu à l'appel du chef de l'Etat lancé à l'endroit des industriels algériens pour se mobiliser en vue de relancer l'économie hors hydrocarbures créatrice de richesses en disant «faites- nous des lois qui nous protègent sur 5 à 10 ans». M. Abdelwahab Ziani réclame la «stabilité» de l'arsenal juridique accompagnant les industriels et les entreprises car «si les lois changent chaque trois ans, on ne pourra jamais faire aboutir les projets», explique-t-il avant d'ajouter «il faut également l'unification de tous les ministères, c'est-à-dire avoir un seul interlocuteur soit un guichet unique pour les industriels». Nombre d'entreprises ont demandé à investir dans de nouveaux créneaux selon l'intervenant qui insiste «à la condition toutefois qu'on leur crée les conditions à même de les encourager dans cette voie». Durant son intervention, le président de la Fédération agroalimentaire revient sur les difficultés que rencontrent certaines filiales fragilisées par une concurrence déloyale et demande une protection de l'Etat. Il cite, entre autres, la filière des arômes, des concentrés de tomate ou du lait, autant de produits dont il considère qu'ils restent menacés par les produits finis importés par des opérateurs nationaux. Il aborde la question de la subvention de certains produits élémentaires et qui ne profitent pas réellement à tous les consommateurs à cause de son détournement «il faut libérer les initiatives, libérer aussi les prix et adopter la subvention directe», suggère-t-il, en expliquant que la politique de subventions menée sur le marché national pour maintenir un sachet de lait à 25 DA oblige les pouvoirs publics à acheter la poudre de lait quel que soit son prix précisant que «ces subventions devraient aller directement aux agriculteurs, mais nous sommes en train de mener deux subventions en parallèle en subventionnant l'agriculteur et la poudre de lait». Evoquant la collecte de lait, M. Ziani a précisé que «lorsqu'on a commencé cette politique de subvention en 2007, nous étions à moins de 12% de la production locale, aujourd'hui nous avons atteint 32% de la production locale. Cette politique de subvention directe a permis à la filière de remonter», poursuivant «une subvention directe et ciblée est meilleure qu'une subvention générale». Pour ce qui est des mesures prises par le gouvernement en janvier dernier interdisant plus de 800 produits à l'importation, c'était une bonne initiative ; malheureusement, il y a eu le dégel : «Il ne fallait pas lever le gel mais discuter», a t-il soutenu. Durant cette période M. Ziani a précisé que «certaines entreprises étrangères qui avaient un marché en Algérie, ont voulu s'installer dans le cadre de la règle 51/49» mais après que le gel soit levé, elles n'ont plus donné de signes. Commentant, d'autre part, la certification des produits algériens, confiée jusqu'alors à des experts étrangers, le président de la Fédération agroalimentaire appelle à les remplacer par des experts nationaux, «les seuls, souligne-t-il, à connaître nos productions et notre marché». Ilhem Tir