Impact n La flambée des prix de la poudre de lait sur les marchés internationaux a obligé une grande partie des industriels privés à suspendre leur activité. Ils craignent que cette situation perdure si les pouvoirs publics n'interviennent pas pour les subventionner dans les meilleurs délais. «Il y a au total 1 700 vaches laitières en Algérie, un nombre très insuffisant pour permettre à la production nationale de couvrir les besoins du marché. Les problèmes d'élevage se posent avec acuité chez les industriels privés de la filière, les aliments coûtent cher. Allez, messieurs les ministres, voir combien coûte une tonne de maïs et faites les calculs et puis revenez aux éleveurs privés», lâche avec amertume un éleveur de Tiaret, qui est intervenu, hier, lors du forum d'El-Moudjahid. Pour lui, le projet élaboré par les pouvoirs publics relatif à l'importation de 50 000 vaches laitières sera voué à l'échec, si cette mesure n'est pas précédée par la mise en place «d'une politique rationnelle d'élevage et de soutien aux investisseurs privés». Pour un industriel exerçant dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'importation de la poudre «est un soutien direct de l'Etat algérien aux éleveurs étrangers et un pur gaspillage de l'argent public». Actuellement, les industriels de la filière préfèrent utiliser le stock de poudre dont ils disposent pour la fabrication des dérivés du lait (yaourt ,fromage...) en vue de «réaliser de petits gains par rapport à la production du lait pasteurisé qui revient trop cher». Répondant aux accusations relatives au «détournement» de la poudre, le président Fédération agroalimentaire, Abdelwahab Ziani, a souligné que ces accusations sont infondées et n'ont pas de raison d'être. «L'Etat n'a pas encore subventionné les industriels privés et n'a rien fait pour soutenir les industriels qui sont contraints d'arrêter l'activité à cause de la rupture du stock et de leur incapacité à importer la poudre à 3 200 euros la tonne, alors nous sommes libres d'utiliser le peu de stock qui nous reste pour la fabrication des dérivés et cela ça n'a rien à voir avec le détournement», a-t-il martelé. Plus de 60 opérateurs sur un total de 70 sont aujourd'hui à l'arrêt et pas moins de 6 000 emplois directs et 18 000 emplois indirects sont menacés par cette crise. «Nous versons au Trésor public une contribution fiscale de 17 milliards de dinars par an et nous sommes aujourd'hui négligés par les pouvoirs publics qui ne subventionnent que l'opérateur public Giplait. Les hauts responsables doivent savoir que nous sommes capables de satisfaire les besoins du marché national à 100% avec une production de 5 millions de litres de lait pasteurisé par jour s'ils viennent à prendre des mesures de soutien à notre égard», souligne, pour sa part le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) M'henni Abdelaziz. Par ailleurs, les industriels privés du lait appellent à la libéralisation des prix dans le cadre des règles de l'économie libérale. Concernant les dernières mesures prises par les pouvoirs publics relatives à la mise en place d'un Office national du lait et l'allocation d'une subvention de plus de dix milliards de dinars pour les industriels, les invités du forum d'El-Moudjahid ont déploré le fait qu'ils n'ont pas bénéficié de ces mesures. Seule l'élaboration d'une politique de production nationale peut éviter à notre pays de revivre cette situation dramatique relative à un produit aussi vital, ont conclu les professionnels de la filière lait.