La 15e édition du festival itinérant Raconte-arts s'est ouverte jeudi au village Tiferdoud, dans la région de Aïn-el-Hammam, à 1 200 mètres d'altitude. L'événement le plus populaire de Kabylie se poursuit jusqu'au 26 juillet. Quelque 5 000 personnes étaient présentes hier à Tiferdoud, élu village le plus propre de Kabylie, pour assister à l'ouverture des 15es Raconte-arts. Villageois, artistes, écrivains, plasticiens, acteurs associatifs et visiteurs ont afflué sur les lieux dès la matinée. Des heures avant l'ouverture «officielle» prévue à 18h, Tiferdoud vibrait déjà au rythme des instruments de musique essaimant les ruelles et la place du village. Celle-ci offre un panorama saisissant du versant nord du Djurdjura dont on peut également admirer le massif à l'ouest. La balade rituelle nous révèle un village impeccablement propre, aux dédales fleuris et aux maisons alliant architecture traditionnelle et matériaux modernes. La maison où naquit Kamel Amzal arbore son portrait et rappelle la barbarie de son assassinat en 1982 par un groupe islamiste à la cité universitaire de Ben-Aknoun. En face, le QG du festival accueille et oriente les participants alors que Radio RAJ (Rassemblement action jeunesse) diffuse déjà ses émissions à l'étage. Une sensation galvanisante de liberté et de beauté envahit les visiteurs qui n'ont que l'embarras du choix entre un groupe de jeunes musiciens qui reprennent en chœur une chanson du terroir, une accordéoniste française plus loin rejointe par un guitariste et un chanteur kabylophone reprenant la version kabyle de Bella Ciao, une fête improvisée à la place du village avec bendir et chants traditionnels, etc. A 18h, le coup d'envoi est donné avec la chorale du village et un spectacle d'échasses et de danse. Plus haut, au niveau de Tajmaât, le plasticien Denis Martinez entame son intervention in situ sur de vieilles tuiles (fabriquées traditionnellement) sur lesquelles il dessinera le symbole de l'abeille. Par ailleurs, une impressionnante exposition intitulée «Welcome» sur le thème des réfugiés tapit les murs du village, à l'initiative d'Amnesty International. Au total, 450 artistes participent à cette 15e édition dont le programme s'annonce passionnant, entre rencontres littéraires tenues dans le jardin de l'ancienne école du village, spectacles de musique (Baâziz, Cheikh Sidi Bémol, Akli D), projections de films (Jusqu'à la fin des temps, Krim Belkacem, etc.), théâtre, performances, danses et expositions... S. H.