Les enfants du plus haut et plus propre village de Kabylie ont tout fait par eux-mêmes : infrastructures, aménagement des espaces, eau, environnement et traitement des déchets. Reportage. Tizi Ouzou. Tiferdoud. À 1197 m d'altitude trône triomphalement une stèle érigée en l'honneur de Micipsa. Le roi berbère accueille les visiteurs à l'entrée du plus haut village de Kabylie. Le choix porté sur le fils du célèbre Massinissa n'est pas fortuit. Micipsa a régné dans la prospérité, entre 148 et 118 av.J.-C., et Tiferdoud entend perpétuer la tradition, en l'an 2018 encore. "Micipsa approvisionnait Rome, et sa stèle est là pour nous rappeler qu'il y a plus de 2000 ans, nous étions de grands exportateurs de blé et de l'huile d'olive. Cela nous encourage à aller de l'avant", explique Latamène Saâdoudi, membre du comité de village. Et le symbole du roi numide est plutôt de bon augure. Les habitants viennent de se doter d'un axxam n'taddart flambant neuf (la maison du village). L'imposante bâtisse est financée à hauteur de 85% par les dons et la générosité des enfants du village, notamment ceux établis à Alger et à l'étranger. Elle comporte une salle de travail, ainsi qu'une salle de réunion et de conférences qui peut accueillir jusqu'à 300 personnes. L'APC d'Abi Youcef (daïra de Aïn El-Hammam) y a contribué à hauteur de 15%, notamment par la fourniture de la boiserie, selon un autre membre du comité de village, Mohand Salem Sadali. Axxam n'taddart donne sur un grand espace, à l'entrée, aménagé en parking. Les visiteurs sont reçus par un membre du comité de village, des tickets d'une valeur de 100 DA à la main. "Votre contribution nous permet de maintenir le village propre", dit-il, tout sourire, aux visiteurs. Tiferdoud a, en effet, remporté la distinction de village le plus propre de Kabylie en 2017. Raison pour laquelle le choix des organisateurs du festival "Raconte-Arts", prévu entre le 19 et le 25 juillet, s'est porté sur lui. Pouvoir politique et pouvoir religieux Sur le chemin d'accès au vieux quartier, une charmante fontaine est creusée dans le mur. Une petite salle au décor antique. La statuette d'une femme portant une jarre égaye le lieu. L'eau coule abondamment dans deux bassins. Une grande fraîcheur s'y dégage. Quelques mètres plus haut, le chemin devient plus étroit. Il mène vers le point culminant du village, la place de Tajmaât.