Loin de reculer après les attaques dont il a fait l'objet suite à son appel à la grande muette d'intervenir sur la scène politique pour incarner la mission de garante d'une transition démocratique, le président du MSP persiste et signe. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le leader islamiste semble insensible aux réserves et autres remarques désobligeantes que son récent appel à l'institution militaire a suscitées au sein, notamment des partis de l'allégeance. Plus que cela, Abderrezak Makri fait dans la vulgarisation de sa démarche qui, au fait, remonte à la période où l'initiative d'une transition démocratique a été lancée par la défunte Coordination nationale pour une transition démocratique (CNLTD). Sauf que le timing de sa relance qui coïncide avec la question du 5e mandat pour le président en exercice fait qu'elle pimente davantage les débats autour de cette option probable du pouvoir qui ne font que commencer. «Dans toutes les expériences de transition démocratique de par le monde, l'institution militaire joue un rôle d'accompagnateur de ce processus. C'est l'objet de notre appel, à l'approche des élections présidentielles d'avril 2019», affirme Makri à l'agence de presse allemande DPA. Et de se vouloir plus explicite en ajoutant avoir «lancé une initiative pour un consensus national devant regrouper pouvoir, opposition, institutions, syndicats et société civile. Aussi l'institution militaire doit, elle, avoir un rôle. En fait, tout le monde doit y participer pour sauver l'Algérie en ayant à l'esprit la conjoncture socio-économique difficile que nous traversons». Un consensus qui suggère un «débat le plus large possible» devant déboucher sur une «entente» sur le profil du prochain président de la République dont, selon lui, «la vision politique et économique doit constituer l'essence du consensus autour de sa personne». Seulement, précise le président du MSP, sa démarche suppose, pour sa concrétisation, une «volonté politique» du pouvoir en place que l'on voit mal y souscrire, lui dont les représentants de la façade partisane récusent l'idée même d'une crise politique à même de dicter l'option de cette transition démocratique. Un pouvoir visiblement tenté par un cinquième mandat de suite pour le président en exercice au nom de la «continuité des réalisations». De refus plus que probable du pouvoir, Makri affirme en prendre acte au temps opportun, avec un «plan B» dans son escarcelle. Soit, comme il le dira, «rejoindre toutes les autres initiatives déjà avortées». Avec, précisera-t-il, «l'exigence renouvelée de garanties pour la transparence des élections». Pour rappel, cet appel du président du MSP à l'implication de l'armée dans l'option d'une transition démocratique, a suscité une vague de réactions dont la plus violente a émané du secrétaire général du FLN. «Laissez l'ANP s'occuper tranquillement de sa mission de sécurisation des frontières et de protection du pays, loin du jeu et des calculs politiques. Le chef d'état-major de l'ANP avait déjà appelé à laisser l'armée s'occuper des questions sécuritaires, loin de la politique», a, en effet, répliqué Djamel Ould-Abbès, mardi dernier devant les cadres et élus du parti de la capitale. Et d'estimer que «la transition démocratique à laquelle appelle Makri se résume en une phrase : descends pour que je puisse monter», ajoutant à l'adresse de Makri que «nous ne sommes pas dans une république bananière pour faire intervenir l'armée en politique. L'armée est aux frontières pour protéger l'Algérie du terrorisme et de la cocaïne. Laissez l'armée loin des questions politiques, car elle est l'émanation du peuple». Pour le secrétaire général de l'ex-parti unique, «les partisans d'une période de transition veulent inventer un «nouveau concept de la démocratie», pour Abderrazak Makri, cette réaction «musclée» du patron du FLN relève d'un simple «point de vue», estimant que de son «droit (Ould-Abbès) d'appeler son président à briguer un nouveau mandat». M. K.