L'initiative lancée par le président du MSP, Abderrezak Makri, semble déranger le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès. Ce dernier n'a pas été tendre avec le MSP et son président. Un homme politique qu'il juge de «très ambitieux», cherchant à prendre «la place» du président Bouteflika. La réponse virulente de Ould Abbès à l'appel de Makri pour une transition démocratique sous la férule de l'armée cache mal l'agacement de ce dernier et de ses sponsors politiques. L'empressement de Ould Abbès à rappeler que l'ANP n'a rien à faire dans l'arène politique dégage une forme d'inquiétude chez ce grand fidèle de Bouteflika. Cela surtout que le MSP pense que l'option du 5e mandat a peu de chance de passer. En récusant dans le fond et la forme l'initiative lancée par le MSP, relative à un consensus national en vue d'une «transition politique et économique réussie» et son appel à l'armée pour contribuer à la réussite de cette action, Ould Abbès s'en est même pris à l'ancien patron et fondateur du MSP, feu Mahfoud Nahnah. Ould Abbès a révélé que le défunt Nahnah, fondateur du MSP, avait tenté de monnayer son soutien au président Bouteflika en 1999, comme le RND d'Ahmed Ouyahia, laissant entendre que Abderrezak Makri est dans la même logique aujourd'hui. Un marchandage, dit-il, que le président Bouteflika n'accepte pas. Le secrétaire général du FLN estime que la transition démocratique, à laquelle appelle Makri, se résume en une phrase : «Descends pour que je puisse m'y installer.» C'est donc ainsi que le patron de l'ex-parti unique répond à l'appel du MSP. En toute vraisemblance, l'initiative du MSP dérange, sinon comment expliquer l'attaque de Ould Abbès qui va jusqu'à qualifier de «contre-nature» les rencontres qui ont eu lieu entre Abderrezak Makri et Amara Benyounès, deux hommes qui, selon lui, s'insultaient dans un passé récent autour du «haram» et du «licite». Ould Abbès n'a pas manqué de prévoir l'échec de cette action, invitant le duo à présenter ses programmes s'il en a. Le FLN n'a pas aussi digéré l'appel lancé par le MSP à l'armée pour garantir la réussite de la transition et le doute quant au 5e mandat. Makri avait dressé un constat sévère de la situation qui prévaut dans le pays. «Notre système politique est fermé. Il connaît un conflit caché. Nous nous approchons de 2019 et la situation devient de plus en plus opaque.» Subitement, on constate que l'option «5e mandat» s'affaiblit et la présence de l'institution militaire est de plus en plus visible. Il y a des transformations importantes. «S'il n'y a pas de 5e mandat, quelle est alors l'alternative ?» s'est interrogé Makri. La réplique de Ould Abbès ne s'est pas faite attendre à ce sujet. Il prévient contre toute tentative d'impliquer l'armée dans les affaires politiques. «Laissez l'armée assumer ses missions. L'ANP émane du peuple. C'est le FLN qui a créé l'ALN d'où est sortie l'ANP», s'est défendu Ould Abbès alors que Makri persiste et signe : «L'institution militaire doit être partie prenante dans le règlement de la crise actuelle. Il y a des officiers qui sont conscients des dangers du maintien du statu quo actuel.» Des propos qui ont en toute évidence dérangé en haut lieu et qui n'ont pas laissé indifférents les adeptes du 5e mandat et ceux qui louent les exploits du président Bouteflika. L'acharnement de Ould Abbès ne risque pas de démobiliser les initiateurs du projet de consensus national pour une transition démocratique, Makri qui a reçu cette semaine Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet, et Amara Benyounès, président du MPA, a adressé des invitations à d'autres partis politiques pour faire la promotion de son action avant l'élection présidentielle de 2019.