Il est des jours comme ça où on a envie de faire beaucoup de choses. Aller à la plage, bien sûr. Nous sommes en juillet, il fait chaud et humide, on s'ennuie à mourir tout en restant vivant et puis, il y a de belles choses à faire sur une plage. Ne nous dites pas encore que nos plages sont pourries, qu'on s'y baigne en pantalon et en djelbab, que le maillot de bain est périlleux et qu'il y a 20 centimètres entre un parasol et un parasol. Personne n'a dit qu'il «allait» à la plage. On «voulait» seulement et quand on formule un «vœu», c'est évident que c'est pour une vraie plage. Aller en montagne. N'allez pas trouver ça ringard, ne vous esclaffez pas en vous payant la tête du plouc qui ne sait pas que la montagne, c'est pour l'hiver et sa poudreuse. Depuis quelques années, la montagne en été est devenue à la mode dans bien des pays qui prennent très au sérieux les choses en matière de détente. On y exploite les cours d'eau, les fontes de neige... sinon, ailleurs, ça fait longtemps qu'on a appris à créer ce que la nature n'a pas donné. Pour votre détente, on peut tout aménager et en parfaite harmonie avec la nature. On ne fait pas encore tomber la neige mais on peut la fabriquer, si la glisse vous passionne en plein été. Il n'y a que des cigales avec leur chant mortel dans nos montagnes qui auraient pu être belles ? Il n'y a que des hôtels où on sert des «scaloupes» et des frites huileuses ? Les télésièges sont usés par la rouille ? Le cèdre et le pin d'Alep sont en voie d'épuisement ? Qu'à cela ne tienne, ce n'était qu'un rêve d'un jour sans perspective. Et rêver pour rêver, autant rêver d'une vraie montagne, du genre de celles décrites plus haut. Aller à un spectacle. Il n'y en a pas ou quand il y en a quelques-uns, on ne le sait même pas. La musique, le théâtre, la danse et le cinéma ne font pas partie de notre vie ordinaire ? Il n'y a pas de festivals d'été comme ça se fait ailleurs où quasiment chaque ville a sa manifestation artistique ? Nos festivals sont des regroupements de pique-assiettes plutôt que des espaces de détente, de convivialité et de découvertes ? Les salles de spectacles déjà fermées le reste de l'année... ferment un peu plus quand arrivent les grandes chaleurs ? Nous n'avons pas la culture du plein air et des musiques du terroir à vivre dans leur proximité naturelle ? Il n'y a pas où aller pour ne pas mourir d'ennui ? Ce n'est pas grave, on ne va pas y aller. On y a seulement pensé aujourd'hui. Et quand on pense, on a généralement la tête ailleurs. Comme dans la vraie vie, on est quand même ici, n'y pensons plus. S. L.