Le président du MSP affirme ne pas être «abattu» après les réserves émises, mardi, par le secrétaire général du FLN, lors de leur rencontre dans le cadre de sa nouvelle initiative politique portant consensus national. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Abderrezak Makri est loin d'être affecté par la masse de réserves que Djamel Ould-Abbès a opposée à sa démarche. «Nous ne sommes qu'au début de notre démarche et il faudra attendre la suite des événements et les développements qui ne manqueront pas d'intervenir d'ici la présidentielle du printemps prochain», nous confiait-il, hier, estimant que le fait que la direction de l'ex-parti unique et son alter-go du pouvoir, le RND, avec laquelle une rencontre est prévue dimanche prochain, acceptent la concertation dans le cadre de cette nouvelle démarche politique constitue un «pas en avant qu'il ne faudrait pas négliger». «C'est un point de gagné très important qui nous encourage à aller de l'avant», affirme-t-il, soutenant adopter la «politique du petit pas et de l'accumulation des convictions». «Nous ne sommes pas des entremetteurs» Réfutant le rôle «d'entremetteur» entre le pouvoir et l'opposition que certaines voies lui prêtent à travers sa nouvelle démarche, le président du MSP avoue, cependant, avoir mis une sorte d'eau dans son vin, en fait celui de toute l'opposition en affirmant s'être rendu compte que la démarche entreprise dans le cadre de la défunte Coordination nationale pour la transition démocratique et les libertés (CNLTD) péchait par l'impasse faite autour du processus électoral. «Nous avons basé notre action en dehors des institutions élues et donc du processus électoral. Or, un consensus ou une transition démocratique qui signifient tous les deux le passage d'une étape à une autre distincte ne peut aboutir sans l'implication du pouvoir qui tient justement au respect des institutions». Une sorte de «mea-culpa» que Makri fait non sans s'attarder sur le rapport de force qui suppose accompagner toute démarche politique. «Consensus, version sophistiquée de la transition démocratique» «Il n'y avait, au sein de la défunte CNLTD, que le MSP au niveau des 48 wilayas du pays et le RCD à l'échelle de la Kabylie et d'Alger, qui avaient cette capacité de drainer des foules», déclare le président du MSP pour qui la «sophistication» de la démarche portant transition démocratique s'imposait. «Ce que, poursuit-il, nous avons fait à travers notre initiative portant consensus national que nous avons, néanmoins, tenu à inscrire dans le cadre du processus électoral». D'où, explique-t-il, sa liaison «intimement étroite avec la prochaine élection présidentielle et son essence éminemment économique». Car, ajoute-t-il, il s'agit «d'arrimer à la démarche le maximum de parties dont notamment le pouvoir et de faire un effort de prévention à l'endroit de l'après-élection présidentielle, une période de fortes turbulences sociales, conséquences directes de la grave crise financière que connaît le pays». Et au président du MSP de prévoir qu'«aucun parti ne peut prétendre gérer en solo cette phase toute proche. D'où notre conviction que seul un gouvernement d'union nationale issu d'élections libres et transparentes, donc, à très fort soutien populaire, est à même d'assurer cette transition d'abord économique avant d'être politique», citant les exemples de «l'Indonésie, la Malaisie ou encore la Turquie». Affirmant qu'il y a véritablement «péril en la demeure», Makri en veut pour éléments tangibles la «rupture de liquidités, l'inexistence d'une véritable économie, de production et d'une valeur ajoutée de travail ou encore le fait que 70% des fonctionnaires sont payés par les seules rentes des hydrocarbures». A propos de son appel «controversé» à la grande muette pour incarner le rôle de garante de cette transition démocratique, le président du MSP précise que celui-ci était destiné à «toutes les forces vives de la nation et les institutions du pays dont l'ANP» comme cela s'est fait dans tous les pays où cette expérience de transition démocratique a été de mise. Pour rappel, lors d'une conférence, le 14 juillet dernier, Makri a clairement sollicité le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, le général Gaïd Salah, de «régler la crise qui secoue l'Algérie», en parrainant «une transition démocratique». «L'institution militaire doit être partie prenante dans le règlement de la crise actuelle», a-t-il déclaré, faisant part d'«officiers conscients des dangers du maintien du statu quo actuel». Un plan B en cas d'échec Par ailleurs, Makri, qui dit avoir établi tout un agenda de rencontres avec tous les partis, personnalités, syndicats et représentants de la société civile pour la promotion de sa démarche politique, affirme avoir établi également son plan B au cas où cette dernière venait à échouer. Ce plan consiste, selon lui, en une «participation d'une façon ou d'une autre à la prochaine élection présidentielle», sans juger utile de s'y étaler, promettant d'en dire plus en «temps opportun». M. K.