Les assurances du ministère de la Santé sur la maîtrise de la situation de l'épidémie de choléra n'a rien changé à l'inquiétude des Algériens. La propagation de l'épidémie fait toujours peur, d'autant que l'origine de la maladie reste encore inconnue. La psychose s'installe aussi chez les parents d'élèves, à l'approche de la rentrée scolaire. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le ministère de la Santé refuse de décréter un état d'alerte sur le choléra. Le département de Mokhtar Hasbellaoui reste confiant et affirme que la situation est maîtrisée. Toute cette panique autour du choléra ne serait pas justifiée, selon ce département. D'autant que le nombre de cas infectés par l'épidémie reste également maîtrisé et certains malades ont déjà quitté les structures hospitalières. Un discours confiant que les Algériens ne semblent pas partager. La psychose est loin d'être dissipée et le mot choléra est sur toutes les lèvres. Les Algériens ont le sentiment que les pouvoirs publics n'ont pas voulu déclarer la maladie à ses débuts. Si des mesures de prévention, dénonce-t-on, avaient été prises depuis l'apparition des premiers cas, au début de ce mois, la propagation aurait pu être limitée. De son côté, le ministère de la Santé pense que le désastre a été justement évité et la propagation aurait pu être beaucoup plus importante. L'approche de la rentrée scolaire, prévue le 5 septembre prochain, ne fait qu'augmenter l'inquiétude des parents sur le risque de propagation. Sur les réseaux sociaux, les parents d'élèves ont lancé un appel à la ministre de l'Education nationale afin de repousser la date de la rentrée scolaire. Une idée qui ne semble nullement effleurer Mme Benghabrit. Lors de sa rencontre hier avec les directeurs de l'éducation, la ministre de l'Education nationale a pourtant évoqué le sujet en donnant des instructions à ce que des mesures de prévention et surtout d'hygiène soient prises au niveau des établissements scolaires. Parents d'élèves et syndicat exigent des garanties de bonne hygiène La psychose de choléra gagne les parents d'élèves qui demandent à ce que la date de la rentrée scolaire prévue pour le 5 septembre prochain soit repoussée. Les syndicats du secteur de l'éducation et les associations de parents d'élèves qui se réuniront aujourd'hui avec la ministre de l'Education comptent exiger des garanties de bonne hygiène et de maîtrise de la situation avant la rentrée. Meziane Meriane, coordonnateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), estime que la situation exige de repousser la date de la rentrée. Il faudra, selon lui, qu'il y ait une coordination entre les deux départements de la santé et de l'éducation nationale pour assurer la sécurité des élèves en prenant toutes les précautions afin que l'épidémie ne touche pas les écoliers. Le syndicaliste souligne que les écoles, notamment du cycle primaire, utilisent l'eau des citernes et des bâches à eau. «Il faudra que ces citernes soient désinfectées, vidées et nettoyées avant la rentrée scolaire. L'Algérie est très vaste et il y a des régions ou il y a un terrible manque d'eau potable», dit-il. M. Meriane souligne que son syndicat profitera de la réunion d'aujourd'hui afin d'exposer le problème à la ministre de l'Education. De son côté, M. Khaled Ahmed, président de l'Association des parents d'élèves, a indiqué que les parents d'élèves sont inquiets et exigent des garanties de sécurité avant la rentrée. «Nous allons saisir la ministre aujourd'hui pour demander un rendez-vous avec le ministre de la Santé qui doit nous garantir que la situation est réellement maîtrisée et qu'il n'y a pas de risque sur nos enfants. L'ambassade de France dément l'exigence d'un certificat médical de non-contamination aux voyageurs en provenance d'Algérie L'ambassade de France à Alger a démenti, hier, dans un communiqué, les rumeurs sur de présumées mesures mises en place par le ministère français des Solidarités et de la Santé pour le contrôle des voyageurs en provenance d'Algérie, suite à l'apparition du choléra dans le pays. «Certaines rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux, relayées par certains médias, font état de mesures qui auraient été mises en place par le ministère français des Solidarités et de la Santé, s'agissant des voyageurs en provenance d'Algérie, évoquent la nécessité pour les voyageurs de présenter un certificat médical de non-contamination par la maladie choléra, en l'absence duquel une visite médicale payante serait obligatoire à l'arrivée dans les aéroports français, de ce fait, l'ambassade de France en Algérie tient à démentir ces rumeurs sans fondement et précise qu'aucune mesure de ce type n'a été mise en place par le ministère des Solidarités et de la Santé», a indiqué le communiqué. Mesures préventives en Tunisie La Tunisie prend les devants et met en place des mesures de prévention pour prévenir contre le choléra. Le ministère de la Santé tunisien, qui a appelé ses compatriotes à la vigilance et au respect des règles d'hygiène, a indiqué qu'une cellule de suivi servant à surveiller toute apparition du choléra dans le pays a été installée. «La Tunisie et l'Algérie sont liées par plusieurs facteurs. L'eau qui coule dans les oueds, les visites, le tourisme... Tout ceci impose des préparatifs et la mise en place de scénarios», selon le directeur de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement au ministère de la Santé tunisien, dont les propos ont été rapportés par le site TSA. «Au niveau des frontières, il y a des programmes spécifiques. Pour ce cas plus spécifique, la mise en application des scénarios est plus rapide que d'habitude», ajoute-t-on. Le responsable tunisien a affirmé que son pays dispose de mesures spécifiques permettant de lutter contre l'apparition du choléra. « Pour nous, en Tunisie, il y a un contrôle bactériologique poussé de l'eau. La contamination peut avoir lieu soit par l'eau infectée ou par les aliments infectés. Pour les réseaux de distribution d'eau, le traitement par l'eau de Javel est automatique. Au niveau de l'administration, une cellule de suivi est en veille et elle intervient sur-le-champ en cas de doute. Nous sommes face à une maladie très contagieuse, mais en suivant les règles de base, tous les risques peuvent être éliminés», a indiqué la même source. S. A.