Face à l'épidémie de choléra qui sévit dans les wilayas du Centre, provoquant un vent de panique parmi la population, et les prévisions pessimistes notamment du directeur de l'Institut Pasteur annonçant une hausse des cas infectés, les syndicats de l'éducation nationale plaident pour le report de la rentrée scolaire, fixée pour le 5 septembre prochain, afin de ne pas exposer les élèves au risque de contamination. Une doléance sèchement rejetée par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, qui maintient le calendrier arrêté par son département ministériel tel qu'annoncé au cours d'un point de presse organisé hier. Rien ne justifie un report de la rentrée scolaire aux yeux de la première responsable du secteur de l'Education, qui prévoit la mise sur pied dans les établissements scolaires d'un dispositif de sensibilisation et de prévention, de concert avec le ministère de la Santé, pour «immuniser» le milieu scolaire. Des instructions sont adressées aux chefs d'établissement scolaire à travers le territoire national pour une vigilance accrue en matière de surveillance et de contrôle de l'hygiène, de l'environnement, de l'eau au niveau des réfectoires et des salles d'eau, parfaits bouillons de culture et de propagation du vibrion du choléra. La tâche est d'autant ardue et le pari difficile à tenir quand on connaît les conditions d'hygiène particulièrement précaires qui caractérisent nos établissements scolaires, ceux situés notamment en dehors des agglomérations urbaines qui manquent cruellement du minimum vital : de chaises et de tables, de tableaux adaptés, de chauffage pour affronter les hivers rigoureux et autres commodités indispensables pour humaniser nos écoles qui ne le sont pas. Pour ces oubliés de «l'école moderne», parler d'hygiène du milieu, de mesures préventives pour prémunir contre des maladies de masse comme l'épidémie de choléra qui fait l'actualité revient à prêcher dans le désert face à la précarité sociale de ces populations déshéritées qui les rend plus vulnérables encore devant les maladies. Pour autant, les établissements du Nord et des grandes villes ne sont pas à l'abri du risque de contamination à grande échelle par cette maudite maladie du siècle dernier qui s'invite de nouveau chez nous en dépit des assurances de la ministre de l'Education nationale qui s'appuie sur les premières conclusions de l'enquête épidémiologique, selon lesquelles la situation serait maîtrisée. Le refus du ministère de la Santé de décréter l'état d'urgence sanitaire en dépit de la propagation de l'épidémie s'inscrit dans la même logique gouvernementale de ne pas créer un climat de psychose générale dans le pays qui ne manquera pas d'avoir des répercussions sur la santé politique du pouvoir en place, déjà au plus mal dans les sondages d'opinion. De la même manière, reporter la rentrée scolaire reviendrait à reconnaître que l'épidémie n'est pas aussi circonscrite et maîtrisée qu'on voudrait le faire croire, mais que la situation inspire de réelles inquiétudes. Gageons que ce n'est pas le cas et que l'avenir ne donnera pas raison aux commentaires alarmistes qui prévoient une catastrophe sanitaire dans le pays, accusant les pouvoirs publics, depuis l'apparition de l'épidémie, de cacher la vérité à la population en gérant politiquement ce dossier sensible qui touche à la santé publique. Pour se protéger et s'éviter une mise en quarantaine dans un contexte politique et électoral où les faux pas ne sont pas recommandés.