Choléra. Les autorités sont formelles ! Il n'y a aucun risque de voir l'épidémie atteindre la... ... la planche à billets ! Ça va nous mener loin cette histoire ! D'abord, les mecs qui boivent exprès l'eau d'une source déclarée contaminée. Ensuite, les producteurs de pastèques qui dévorent, face caméras, leurs fruits alors que pèsent encore de forts soupçons sur l'irrigation par eaux usées des champs agricoles. Et demain ? Si nos dents commencent à se déchausser brusquement et à tomber à nos pieds, les importateurs de dentifrice vont-ils convoquer les télévisions pour se faire filmer en boucle en train d'avaler de la pâte en tube ? Et si les yeux des Dézédiennes et des Dézédiens se mettent soudain-tout-à-coup à devenir verts, les vendeurs de thé vont-ils occuper les places publiques et y mâcher des feuilles de thé, tout en évitant de se brosser les dents ensuite, n'ayant pas été franchement convaincus par la vidéo de leurs confrères importateurs de dentifrice ? Et si une rumeur circule sur la qualité des circuits de freinage des véhicules montés en Dézédie, les patrons des marques vont-ils procéder eux-mêmes aux crashs-tests, tâche qui incombait jusque-là à leurs pilotes attitrés, lesquels se seraient, entre-temps convertis en producteurs de pastèques bios ? Mon Dieu, le bazar ! Un vaste champ d'expérimentations sauvages ! Une cour des miracles qui verra des attroupements à chaque coin de rue. Mais sinon, et toi, Hakim, tu essaies de nous convaincre de quoi dans ton p'tit coin, sur ta nappe à carreaux ? Moi ? Heu... eh ben que c'est moi et moi seul qui rédige cette chronique, irriguée avec la sueur potable de mon front, certes écrite n'importe comment – je vous le concède – mais surtout pas sous la dictée des importateurs de thé. Mon seul contact avec le thé se limitant à le fumer pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.