L'origine de l'épidémie de choléra n'est pas encore identifiée. Ce qui augmente le sentiment de panique chez la population. Les déclarations des responsables publics sur les éventuelles causes de l'épidémie, qui prêtent à confusion, sont encore loin de rassurer les Algériens. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - L'Institut Pasteur d'Algérie, dans un communiqué publié jeudi, a indiqué que l'analyse des échantillons d'eau de 21 points d'eau, dont 3 fontaines appartenant à des particuliers à Bougara, dans la wilaya de Blida, a montré que 10 d'entre eux sont impropres à la consommation. Ajoutant que «l'eau de boisson servie par les canalisations contrôlées (AEP) de l'Algérienne des eaux est de bonne qualité bactériologique et donc non incriminée dans cette épidémie de choléra». Ce qui conforte les déclarations du ministre des Ressources en eau, qui affirmait jeudi également que «l'eau fournie à travers le réseau de distribution public est soumise à un contrôle rigoureux et des analyses précises suivant les règles de loi et non pas de manière improvisée, et n'a de lien avec aucun problème de santé». Par ailleurs, l'Institut Pasteur précise dans le même communiqué que la contamination de fruits (pastèque, melon non lavés) ou légumes pouvant être consommés crus (carotte, concombre, salade, tomate, betterave), irrigués avec une eau polluée par les matières fécales, est également suspectée. L'institut pasteur suspecterait donc des fruits et légumes, en contact avec la terre et irrigués avec une eau polluée, d'être un vecteur du vibrion cholérique. L'IPA contredit-il les déclarations du ministre de l'Agriculture qui, dans un communiqué rendu public lundi dernier, rassure les citoyens sur la qualité des fruits et légumes produits en Algérie, «qui sont indemnes». «L'eau d'irrigation absorbée par les plantes ne représente pas de danger pour les productions agricoles», a précisé le département de Boughazi. Une déclaration que les scientifiques, d'ailleurs, ne remettent pas en cause, puisque, explique-t-on, les fruits et légumes, irrigués avec une eau polluée, ne peuvent être contaminés qu'en surface et non pas à l'intérieur. D'où la nécessité ou l'obligation, souligne-t-on, de laver ces fruits et légumes avec une eau potable ou d'ajouter une goutte d'eau de Javel avant leur consommation. Cependant, le ministre de l'Agriculture affirme également que les eaux destinées à l'irrigation des fruits et légumes sont saines et ne peuvent en aucun cas être à l'origine de la propagation de l'épidémie de choléra. Quant à certains «cas isolés et avérés» d'irrigation illicite par des eaux usées brutes, poursuit le département de Boughazi, les services compétents des secteurs concernés au niveau local «ont de tout temps réprimé ce genre de pratiques et appliqué les mesures nécessaires». Selon lui, les fruits et légumes ne constituent pas un milieu ambiant d'évolution du vibrion cholérique. Malheureusement, ce ne sont pas les deux seules déclarations contradictoires des pouvoirs publics sur la gestion du choléra. Le directeur de la santé de la wilaya de Tipasa, cité par des médias dont le site TSA, a déclaré, jeudi également, qu'il n'existe aucun lien entre la source de Ahmar-el-Aïn et les cas d'atteinte de choléra. Soit un démenti pour le ministère de la Santé qui a identifié cette source comme étant un foyer de l'épidémie dans cette région. Un cafouillage qui est loin d'apaiser le degré d'inquiétude chez la population. Les recommandations de l'Institut Pasteur L'Institut Pasteur d'Algérie recommande de consulter le centre de santé le plus proche du domicile, en cas d'apparition des signes suivants : «Brusquement ou après de vagues malaises, sans fièvre, apparaît une diarrhée profuse, sans douleurs abdominales toutes les demi-heures. Les selles sont liquides, inodores, claires comme de l'eau, ou grisâtre dans laquelle nagent des menus flocons blancs, pareils à des grains de riz. A cette diarrhée s'ajoutent parfois des vomissements. Des crampes douloureuses au niveau des mollets, des pieds, des cuisses apparaissent, à ce stade, le risque vital est en jeu ; il est absolument nécessaire et urgent d'évacuer le malade à l'hôpital.» Le microbe du choléra vit dans l'intestin des malades. Le choléra est le plus souvent déclenché par l'eau contaminée par les fèces d'un malade ou d'un porteur sain de vibrion cholérique. Le microbe se propage par la suite d'homme à homme, au sein d'une même famille ou voisins par les mains souillées. Sont donc dangereux : le malade (particulièrement ses mains), ses selles, ses vomis, ses vêtements et sous-vêtements, serviettes souillées par les selles ou vomissements, les objets qui ont servi au malade (assiettes, verres, cuillères, ....), les sanitaires : cuvettes de toilettes, lavabos, seaux, poignées de portes de sanitaires... Les diverses mesures préventives : - Se réhydrater ou réhydrater le malade (boire abondamment) par les sels de réhydratation orale disponibles en pharmacie. - Se rendre ou prendre le malade le plus tôt possible au centre de santé le plus proche de votre domicile pour traitement jusqu'à guérison (en moyenne 3 à 6 jours). - Les membres de familles demeurés sains sont soumis à une surveillance pendant six jours. - Un prélèvement de selles à la recherche de vibrion cholérique doit être effectué sur l'ensemble des personnes en contact avec le patient. - Un traitement prophylactique pour l'ensemble des membres de la famille vivant sous le même toit sera administré selon les cas et après avis du médecin. - Eviter les visites des malades jusqu'à leur guérison. - Le bureau d'hygiène communal interviendra, si nécessaire, pour condamner un puits ou une fontaine suspects, fermer un local ou un commerce pendant le temps jugé nécessaire. - Ne boire que l'eau potable, contrôlée. - Si la maison n'est pas alimentée en eau potable (réseau AEP), faire bouillir l'eau pendant 5 minutes au moins ou ajouter 2 à 3 gouttes d'eau de Javel dans un litre d'eau - Se laver les mains avec de l'eau propre ou bouillie et au «savon de Marseille» avant chaque repas et chaque fois que l'on a touché un malade ou objet lui appartenant. Le choléra est surtout «une maladie des mains sales». - Laver abondamment les légumes et les fruits avec de l'eau propre additionnée de quelques gouttes d'eau de Javel. - Couvrir les aliments et les mettre à l'abri des mouches et des cafards. - Désinfection de l'environnement du malade pour éviter la contamination de l'entourage. - Nettoyer à l'eau javellisée toutes les surfaces : sols, tables, poignées de portes, sanitaires. S. A.