Les jours de Saïd Bouhadja à la tête de l'Assemblée populaire nationale sont comptés ! Depuis hier, le processus a été même engagé pour une fin de règne proche dès lors qu'il est lâché par le parti majoritaire, le Front de libération nationale qui avait tenu une réunion extraordinaire de son groupe parlementaire à l'Assemblée sous la présidence du secrétaire général Djamel Ould- Abbès. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Déjà fortement affaibli depuis l'été 2017 en raison de son rapprochement avec l'ex -Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, Bouhadja «aggravera son cas», avec l'affaire du limogeage du secrétaire général de l'Assemblée, Bachir Slimani. Ce dernier, militant du FLN, et très estimé par les parlementaires, avait refusé d'octroyer des frais de missions à un accompagnateur de Bouhadja en France. En tout cas pas la somme demandée par le président de l'Assemblée qui, alors, décidera de son limogeage. Ce qui provoquera l'ire des députés FLN, de la direction du parti mais, surtout, de la présidence de la République. «C'est la présidence qui avait demandé à Bouhadja de réhabiliter le secrétaire général en question. Or, le président de l'Assemblée, très malin, tentera de contourner la chose, en procédant à la nomination de son chef de cabinet comme nouveau SG, à titre intérimaire. Il faut savoir, en effet, que le chef de cabinet en question est un parent à Tayeb Belaiz», nous révèle une source très au fait du dossier. Hier mercredi, et au cours de la réunion avec le groupe parlementaire, qui s'était tenue à huis clos au siège du FLN à Hydra, pour examiner cette nouvelle crise à l'Assemblée, Ould-Abbès dira, en substance à l'ensemble de ses députés : «Les décisions du président de la République sont indiscutables et non négociables ! Il s'agit d'une ligne rouge que nul n'a le droit de franchir.» L'allusion, ici, est bien sûr destinée à Saïd Bouhadja. Au cours de cette réunion également, le SG du FLN installe une commission spéciale chargée de suivre cette question et de «régler tout problème administratif au niveau de l'Assemblée». Ce qui est, en soi, un désaveu massif de l'actuel président de l'Assemblée, notamment, au regard de la composante de ladite commission. Présidé par le chef du groupe parlementaire, le député de Sétif, Mouad Bouchareb, cette commission est également composée, en effet, des membres du bureau politique parlementaires, dont le chargé aux relations avec le Parlement, le député de Tizi Ouzou, Saïd Lakhdari, des quatre vice-présidents de l'APN et cinq présidents des commissions permanentes à l'Assemblée que compte le parti. Et, pour compléter cette armada, le député de Médéa et membre du comité central, Mahdjoub Béda, qui n'est autre que l'actuel ministre des Relations avec le Parlement ! Il s'agit, à l'évidence, de mettre la grosse pression sur Bouhadja car, et contrairement à ce qui est avancé, ça et là, le parti ne compte pas engager une procédure de retrait de confiance. «Nous ne comptons pas enfreindre la législation. Ce ne sera pas le FLN qui ira provoquer une crise au sommet comme souhaité par les nouveaux alliés de Bouhadja», nous confiera une source proche de la direction du parti qui, ce disant, jette un vrai pavé dans la mare ! «Il n'y a qu'à voir les nominations faites par l'actuel président de l'Assemblée pour en avoir un aperçu», ajoute notre source. En fait, le cercle proche de Abdelaziz Bouteflika soupçonne Bouhadja de préparer le terrain pour un autre «camp» en prévision des présidentielles d'avril prochain. Ce qui est «impardonnable» chez Bouteflika, y compris pour un «élu». Naturellement, le FLN aura enclenché, ce mercredi, un processus qui aboutira, certainement à terme, vers la démission pure et simple de celui dont la nomination à ce poste constituait une énorme surprise, en mai 2017… K. A.