Quand Abdelaziz Belaïd, qui vient de rendre publique sa décision de se porter candidat à la présidentielle, nous dit qu'il n'a reçu «aucune garantie d'aucune officine», il faut le croire sur parole et ce n'est pas forcément son souhait. Comme tous les «prétendants » du genre, il voudrait peut-être qu'il y ait quelque doute là-dessus. Ou, suprême bonheur, qu'on croit l'exact contraire de ce qu'il veut bien nous déclarer sur la question. Il se garde d'ailleurs bien de nous dire avec précision de quelle «garantie» il s'agit. Celle qui ferait de lui le candidat qui va… gagner comme ont gagné tous les présidents qui ont présidé aux destinées du pays depuis l'Indépendance ou celle qui fera en sorte qu'il aura sa chance, dans des conditions de régularité et de transparence, où seuls compteront la personnalité, le discours, le projet et le programme. S'agissant de la première hypothèse, il doit quand même savoir que tout le monde, lui en premier, doit en sourire. Le leader du Front El Moustaqbal qui a présidé une organisation d'étudiants jusqu'à l'âge de… 40 ans passés n'est certainement pas une lumière politique. Mais avec le parcours qu'on lui connaît dans le système dont il a incarné un des démembrements, il a dû accumuler suffisamment de roublardes perspicacités pour savoir à quel niveau se jouent les grands enjeux et se décident les choix qui en découlent. Pour la seconde hypothèse, elle ne fait même pas rire mais c'est sans doute pour ça que M. Belaïd est là, comme ceux qui ont déclaré leur candidature avant lui et ceux qui ne manqueront pas de suivre. Il est là pour participer avec ses moyens à la «mère de toutes les batailles» : celle où on va crier à la face du monde que dans les conditions qui sont mises en place, le discours de rigueur et les acteurs mobilisés, il est encore possible d'imaginer une vraie élection ! Et Abdelaziz Belaïd qui pousse le bouchon plus loin en «se fiant au respect de la Constitution» et en appelant au «respect des règles du jeu». Bien évidemment, il ne nous dit pas ce qui a bien pu changer depuis que la Constitution a été violée plutôt deux fois qu'une pour que ce soit différent, cette fois. Et comme pour anticiper la question, il fonce, tête baissée. Et… s'enfonce : «Je ne vais pas faire de la figuration, je ne serai pas un lièvre mais un lion» ! On ne sait pas s'il est un lion mais on peut lui concéder qu'il n'est pas un lièvre. Du moins, pas du niveau attendu. Mais tout ça, il doit le savoir. Comme il doit savoir qu'au scrutin passé, quand on lui avait attribué la «troisième place», c'est parce qu'il n'y avait pas de podium, seul comptait le numéro 1. Et il s'est passé quoi depuis, pour que tout redevienne «possible» ? S. L.