Le Conseil constitutionnel camerounais a jugé «irrecevable» hier le recours de l'opposant Maurice Kamto qui avait réclamé la récusation d'une majorité de ses membres en estimant qu'ils étaient «partiaux». La requête est «irrecevable» car Maurice Kamto n'est «pas habilité» à demander la récusation du Conseil, a jugé Clément Atangana, président du Conseil constitutionnel dont les membres sont nommés par le président Paul Biya. Le Conseil, qui est chargé d'étudier les contentieux post-électoraux avant de proclamer les résultats de la présidentielle du 7 octobre, a commencé à examiner mardi matin les plaintes post-électorales déposées par plusieurs candidats. Dès l'ouverture de l'audience, retransmise en direct à la télévision d'Etat, il a commencé l'examen d'une requête introduite par M. Kamto demandant la récusation de six membres de cet organe. M. Kamto — qui a revendiqué le 8 octobre la victoire à la présidentielle, se mettant «hors la loi» selon le gouvernement — a estimé que certaines de ces six personnalités de la Cour constitutionnelle ont des «affinités avec le parti politique RDPC», le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, du président sortant Paul Biya, candidat à un septième mandat consécutif. Emmanuel Bondé, un des membres du Conseil constitutionnel, fait partie «du Comité central du RDPC, il est membre du bureau politique (du RDPC)», a dit l'un des avocats de M. Kamto, Sylvain Souop. Candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), l'opposant Kamto a également souhaité que le contentieux post-électoral soit examiné par une autre juridiction, mais un rapporteur du Conseil a proposé que cette requête soit elle aussi jugée irrecevable, estimant qu'il n'avait pas qualité pour formuler une telle demande. Le Conseil constitutionnel doit, par ailleurs, se pencher sur dix-huit requêtes en annulation totale ou partielle de la présidentielle. Trois de ces recours ont été introduits par les trois principaux candidats de l'opposition, Joshua Osih, Cabral Libii et Maurice Kamto, qui évoquent de «nombreuses irrégularités». Après l'examen de ces recours, le Conseil constitutionnel prononcera les résultats définitifs de l'élection présidentielle du 7 octobre.