Face au refus obstiné de Saïd Bouhadja de déposer sa démission du poste de président de l'Assemblée populaire nationale, le pouvoir passe à l'acte : une destitution en règle du président «rebelle» et l'élection de son remplaçant dans les tout prochains jours. Sur instruction de la présidence, un plan est mis en place dans ce sens et qui a été enclenché, lundi dernier, par une première étape exécutée par le FLN. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - La décision du parti majoritaire de retirer sa couverture politique à Saïd Bouhadja était, en fait, le signal pour déclencher l'opération de destitution. Dès le lendemain, soit hier mardi, les députés de la majorité présidentielle, constituée des groupes parlementaires du FLN, du RND, TAJ, le MPA ainsi que du groupe des indépendants, passent, à leur tour, à l'action. D'abord en décidant d'empêcher Saïd Bouhadja d'accéder à son bureau, sis au cinquième étage de l'imposant siège de l'Assemblée. Cette scène «d'empêchement physique» n'aura cependant pas lieu pour la simple raison que Bouhadja ne s'était pas présenté sur les lieux. Or, c'est tout comme ! L'instance de coordination de l'Assemblée tiendra une réunion extraordinaire pour décider de la suite à donner à cette affaire. Cette instance, pour rappel, est composée, outre du président de l'Assemblée, des vice-présidents, des présidents de groupes parlementaires, des présidents des commissions permanentes. Cette instance a décidé, à l'issue de sa réunion, de «déléguer » tous les pouvoirs détenus par le président de l'Assemblée au bureau de cette même Assemblée. Un bureau composé de neuf membres : quatre FLN, trois RND et un seul MSP. Et c'est à partir de là que la phase « opérationnelle» de l'opération de destitution sera enclenchée. Ainsi, et comme entendu par les deux grands partis de la majorité, le FLN et le RND, le bureau de l'Assemblée convoquera une séance plénière de l'Assemblée et la reprise des travaux de l'APN, donc, pour les jours à venir. Avec, pour ordre du jour, pour cette plénière spéciale, rien moins que l'élection d'un nouveau président pour l'Assemblée. «Toutes les dispositions ont été prises dans ce sens», nous révèle une source très bien informée. Ce coup de force du pouvoir, qui n'aurait jamais été imaginé sans le feu vert de Abdelaziz Bouteflika, mettra Saïd Bouhadja devant le fait accompli. Ce dernier ne peut, d'ailleurs, déjà plus accéder à son bureau à l'Assemblée. Hier mardi, il a été procédé au changement de toutes les serrures de l'ensemble des bureaux situés au cinquième étage du siège de l'APN, qui est réservé au président et son cabinet. Autant dire que «le feuilleton Bouhadja» livre, là, ses toutes dernières parties. Il faut dire qu'il était évident que les jours de Saïd Bouhadja étaient comptés, dès lors qu'il avait, dès le départ, affaire à Abdelaziz Bouteflika en personne, qui avait exigé sa tête, et non pas, comme présenté par certains, au FLN ou même aux partis. D'ailleurs, tout l'appareil étatique était mobilisé dans cette affaire par la présidence : les partis de la majorité, le gouvernement, particulièrement le Premier ministre, le ministre des Relations avec le Parlement, les ministères des Affaires étrangères et de la Défense nationale, pour ne citer que les acteurs les plus «visibles». … K. A.