La Confédération algérienne des syndicats autonomes a enfin vu le jour hier au niveau du siège de l'Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation). Nedjma Merabet - Alger (Le Soir) - Malgré leurs craintes quant à un éventuel refus d'agrément de la part des autorités, les initiateurs de cette instance estiment qu'il s'agit d'un pas décisif, un «jalon» pour les luttes à venir. Beaucoup d'entre eux parlent d'une date historique, voire d'un jour révolutionnaire, à l'instar du représentant du CLA qui en profite pour rendre hommage au regretté Redouane Osmani, et rappeler la période trouble de recul des acquis sociaux à l'échelle internationale. Effectivement, de nombreuses difficultés ont empêché la naissance d'une telle organisation rassemblant les syndicats autonomes algériens qui ont pourtant réussi à s'imposer comme forces représentatives. Ils s'accordent en tout cas à se féliciter d'avoir pu aller au delà des entraves bureaucratiques ou politiques venant « d'en haut », ou encore des luttes internes pour le leadership ; pour une organisation qui se veut être un contrepoids à l'hégémonie de l'UGTA. Les enseignants et leurs divers syndicats autonomes, les médecins, vétérinaires, les imams, les techniciens et ingénieurs de maintenance aéronautique etc … Tous se sont rassemblés autour d'un mot d'ordre qui a pour souci le devenir des droits des travailleurs autant que celui du pays. Une liste d'objectifs communs de défense et de préservation des droits acquis, de lutte pour les droits syndicaux, d'érection d'une force de proposition et de négociation avec les autorités, surtout concernant la législation du travail ( code du travail à venir) a été dressée par les fondateurs de la nouvelle organisation syndicale unitaire. Un des objectifs est aussi celui de mettre en place un observatoire national des libertés syndicales. Etaient présents les présidents des 13 syndicats membres de la confédération et on comptait cependant deux absents, le Snapap, en raison de problèmes internes de représentativité (double direction), et du Snategs, en raison de ses problèmes avec le ministère du Travail entre autres. Le président du CNIF (conseil national des imams et fonctionnaires des affaires religieuses) a rappelé les fondements démocratiques historiquement inhérents à l'islam, déniant l'exclusivité de ces principes aux seuls « pays civilisés » : Il asseoit l'importance de la participation de tous les individus de la communauté, de leur égalité aux yeux de Dieu et de l'islam, et de la nécessité du respect de ces principes sans marchandage ni renonciation. De plus, il insiste sur l'importance du développement de la spécialisation dans tous les secteurs pour la fondation d'un Etat fort. À noter que quelques figures connues du militantisme, du syndicalisme et de l'activisme des droits de l'homme ont été conviées à ces assises ; dont l'avocat Mustapha Bouchachi, Noureddine Benyessad, ou encore le syndicaliste Noureddine Bouderba, qui fit un plaidoyer énergique en faveur de cette initiative et pour son renforcement par le combat anti-impérialiste et anticapitaliste. À l'issue des travaux, en fin d'après-midi, Sadek Dziri a été élu coordonnateur du bureau exécutif ; une coordination roulante d'une durée de six mois. Il y aura mise en place d'un conseil national de la confédération, qui sera l'organe décisionnel, et qui tiendra des réunions hebdomadaires. Dans un avenir proche, le conseil connaîtra les votes de ses membres, désignés proportionnellement au poids de son syndicat. N. M.