L'Académie suédoise qui décerne le prix Nobel de littérature a annoncé lundi qu'elle allait élargir à des personnalités extérieures la composition du jury sélectionnant le lauréat, suite au scandale qui a entraîné le report du prix 2018. Le comité du prix Nobel, d'ordinaire composé de cinq membres qui recommandent un lauréat au reste de l'Académie, inclura en 2019 et 2020 «cinq experts extérieurs», notamment des critiques, des éditeurs et des auteurs âgés de 27 à 73 ans, affirme l'Académie dans un communiqué. Son secrétaire perpétuel, Anders Olsson, a précisé à l'agence de presse TT que cette composition serait «temporaire». Ces nominations extérieures ont été imposées à l'Académie par la Fondation Nobel, qui gère les aspects financier et administratif des prix Nobel, selon son président, Lars Heikensten. Plongée dans la tourmente depuis l'automne 2017, l'Académie avait dû reporter d'un an l'annonce du Nobel 2018, une première depuis 70 ans, minée par des dissensions sur la manière de gérer les révélations d'agressions sexuelles d'un Français, Jean-Claude Arnault, proche de l'institution et marié à l'une de ses membres. Plusieurs de ses membres s'étaient mis en congé de l'Académie qui se retrouvait avec 10 membres actifs sur 18 alors que ses statuts requièrent la présence d'au moins 12 sages. Début octobre, elle a désigné deux nouveaux membres. Jean-Claude Arnault, 72 ans, a été condamné, début octobre, à Stockholm, en première instance, à deux ans de prison pour viol. Son procès en appel est en cours. Dix-huit femmes, dont la plaignante, avaient témoigné dans la presse des viols, agressions sexuelles et faits de harcèlement dont elles disent avoir été victimes de la part du Français. Jean-Claude Arnault était le directeur artistique de Forum, un club où se côtoyaient éditeurs, écrivains, dramaturges ou musiciens en vue, mais également de nombreuses jeunes femmes. Il recevait de généreux subsides de l'Académie suédoise. Ses accusatrices affirment que l'Académie connaissait ses écarts de conduite, mais que l'influente institution faisait régner une «culture du silence» dans les cercles culturels de Stockholm.