La 9e édition du Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé s'est clôturée samedi à la salle Ibn-Zeydoun. Un palmarès prévisible au vu d'une sélection extrêmement inégale. Dix-huit films étaient en compétition lors de cette 9e édition du Fica qui s'est tenue du 1er au 9 décembre, dont neuf documentaires et neuf fictions avec une prédominance de la question des réfugiés. Si certains films ont su proposer un cinéma de qualité et un regard transcendant sur les notions d'engagement et d'humanisme, d'autres étaient symptomatiques d'une sélection de moins en moins exigeante. En résultent alors une compétition à armes inégales et un palmarès prévisible tant les lauréats sortaient clairement du lot. Le prix du public dans la catégorie longs-métrages de fiction est revenu ex æquo au film palestinien «Wajib» de Anne-Marie Jacir et «La voix des anges» de l'Algérien Kamel Yaïche. Côté documentaire, la majorité des spectateurs ont voté pour «Libre» de Michel Tioesca et «Les enfants du hasard» de Thierry Michel. Le jury documentaire, présidé par Osmane William Mbaye et composé de Hadj Bensalah, Michelle Collery et Georges Dupont, a décerné une mention au film «True Warriors» tandis que le prix spécial est revenu à «Free Men» de Frédérique Widmann. «I am not your negro» de Raoul Peck obtient, pour sa part, le grand prix du documentaire. Quant au jury fiction, présidé par Nabil Boudraâ et composé de Yamina Chouikh, Safy Boutella, Kamel Mekasser et André Gazut, il attribue son prix spécial au téléfilm français «Mélancolie ouvrière» de Gérard Mordillat alors que le grand prix est décerné, selon toute logique, à «De l'autre côté de l'espoir» du réalisateur finlandais Aki Kaürismaki. Enfin, le Conseil international du cinéma, de la télévision et de la communication audiovisuelle (CICT) dépendant de l'Unesco et partenaire du festival cette année, a décerné sa médaille Gandhi au documentaire «Les enfants du hasard» de Thierry Michel. Cette 9e édition aura connu des moments forts grâce à des œuvres où l'engagement était aussi bien politique que cinématographique et où la création était au centre des enjeux. Des films qui se démarquaient très nettement dans une sélection fortement inégale où un géant du cinéma comme Kaurismaki aurait pu être programmé en compétition et non en lice avec d'autres œuvres plutôt moyennes, si ce n'est médiocres. On ne comprend pas non plus la présence de téléfilms dans ce festival de cinéma (après «La route d'Istanbul» l'an dernier, «Mélancolie ouvrière» cette année) ni le manque d'exigence qui caractérise de plus en plus le FICA, lequel a connu, pourtant, lors de ses premières éditions une sélection corsée et de haute facture. Enfin, la programmation de la comédie «Le flic de Belleville» de Rachid Bouchareb, bien qu'en hors compétition, demeure inexplicable : au-delà de ses platitudes et son humour facile, le film est purement commercial, apolitique et lisse, dans la droite ligne des comédies américaines à succès. Or, commerce et cinéma engagé ne font pas souvent bon ménage ! S. H.