Le chiffre représente presque la totalité des prévisions des budgets d'équipements prévus dans la loi de finances 2018. Mais plus frappant encore est le montant des billets tirés en janvier 2018. Plus de six mois après la promulgation de la loi permettant au gouvernement de recourir à la planche à billets, la Banque d'Algérie a rendu publics les montants mobilisés jusque-là. Selon les chiffres publiés dans le dernier numéro du Journal officiel, la Banque d'Algérie a "prêté" au Trésor public un montant de 3 585 milliards de dinars jusqu'au 31 mars 2018. Cela représente plus de 30 milliards de dollars américains. Le chiffre est faramineux. Il représente presque la totalité des prévisions de budgets d'équipements prévus dans la loi de finances 2018. Mais plus frappant encore est le montant des billets tirés en janvier 2018. Durant la période allant de décembre à fin janvier de l'année en cours, pas moins de 1 400 milliards de dinars (donc plus de 14 milliards de dollars) ont été tirés des planches de la Banque d'Algérie pour aller, en principe, couvrir les dépenses d'équipement du gouvernement. En revanche, il semble que depuis fin janvier, les autorités n'ont pas eu recours aux "prêts" de la Banque d'Algérie. Puisque, selon le tableau de la Banque centrale, le même montant de 3 558 milliards de dinars est gardé jusqu'à la fin du mois de mars. Ce montant était de 2 185 à la fin de l'année dernière. Ce qui signifie que de novembre 2017, date à laquelle la loi sur la monnaie et le cédit a été modifiée, le gouvernement a utilisé plus de 21 milliards de dollars en "financement non conventionnel". Pourtant, le gouvernement avait expliqué qu'il n'avait besoin que de l'équivalent de 500 milliards de dinars (donc un peu plus de 5 milliards de dollars) pour achever le budget restant. Le reste des prêts sollicités devaient être destinés à payer les entreprises de réalisation qui ont construit des projets publics, notamment dans le bâtiment et les travaux publics. Reste à savoir si les montants tirés en janvier, et qui n'ont pas été suivis d'autres, suffiront pour tenir toute l'année. Cette émission de titres, autrement dit la planche à billets, a été réalisée dans le cadre de l'article 45 bis de la loi relative à la monnaie et au crédit de 2003 modifiée et complétée en octobre 2017, qui stipule que "la Banque Algérie procède, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès du Trésor de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer, notamment, à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds national d'investissement (FNI)". En outre, l'article 45 bis note que "ce dispositif est mis en œuvre pour accompagner la réalisation d'un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires devant aboutir, au plus tard, à l'issue de la période susvisée, notamment, au rétablissement des équilibres de la trésorerie de l'Etat et de l'équilibre de la balance des paiements". Les économistes et des hommes politiques, appuyés plus tard par le Fonds monétaire international, ont mis en garde le gouvernement quant au risque inflationniste qui pourrait être généré par le recours à la planche à billets. Le gouvernement, lui, espère maîtriser le risque inflationniste qui reste, jusque-là, modéré, selon les chiffres fournis par l'Office national des statistiques (ONS). Ali Boukhlef/APS