Sans se prononcer officiellement sur le sujet, le Maroc fait courir le bruit qu'un sommet de l'UMA pourrait bien se tenir en début d'année à Marrakech. Toutes les parties concernées évitent, pour l'instant, de faire trop de bruit autour de l'évènement, l'heure est aux tractations. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Selon les informations diffusées au compte-gouttes par son secrétaire général, la majorité des membres de l'Union maghrébine arabe ont fait part de leur disposition à prendre part à des contacts préliminaires devant se dérouler à Tunis. L'annonce de la préparation de cette «réunion restreinte» fait indéniablement suite aux démarches entamées par Alger pour circonscrire une nouvelle manœuvre marocaine visant à piéger l'Algérie dans un cadre de dialogue aux contours flous et dont l'objectif final n'est autre que de négocier le statut du Sahara Occidental. Il se trouve que sur le dossier sahraoui, le pays demeure attaché à des positions restées inchangées depuis de longues années. Attaché au principe de la résolution du conflit selon les termes du plan de règlement onusien devant mener à l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Bien que signataire de l'accord en question, le Maroc se trouve fondamentalement opposé à cette option et considère l'Algérie comme étant le principal obstacle à son objectif. Après des décennies de guerre froide entre les deux pays, Mohammed VI a décidé d'appréhender le problème autrement, en invitant carrément les dirigeants algériens à «dialoguer» dans le cadre d'un «mécanisme devant aplanir tous les problèmes bilatéraux». Conscients de l'enjeu, ces derniers ont rappelé l'existence de l'UMA la présentant comme cadre de débat idéal et affirmant qu'il est inutile de la faire substituer par un autre organisme. Depuis sa création, l'Union maghrébine est restée une coquille vide. A sa création, le principe retenu était de ne pas aborder le dossier du Sahara Occidental dans les débats, mais le Maroc y a toujours fait entrave. Piégée par la réponse d'Alger, Rabat a tenté une échappatoire en insistant pour sa demande auprès de l'ambassadeur d'Algérie, mais la démarche entamée par les Algériens avait déjà fait son œuvre. La lettre adressée au secrétaire général de l'UMA avait été transférée à tous les concernés qui ont fait preuve d'enthousiasme. L'initiative avait également été accueillie très favorablement par la Ligue arabe et les Nations-Unies qui affirment suivre de très près tout ce qui pourrait favoriser le dialogue entre les deux pays et maintenir la stabilité de la région. Piégée, Rabat n'a fourni (jusqu'à l'heure d'ailleurs) aucune réponse officielle. Secrètement, des tractations sont, cependant, déclenchées pour éviter que le pays ne perde la face. Objectif : obtenir que le sommet de l'UMA, initialement prévu en Libye, se déroule à Marrakech. Selon le SG de l'organisation maghrébine, «le ministre marocain des Affaires étrangères, Nacer Bourita, a proposé que son pays accueille ce sommet à l'occasion du 30e anniversaire de sa création». La même source ajoute que les autres pays membres de l'UMA, y compris l'Algérie, n'y ont pas trouvé d'objection. Bien plus qu'une demande, le fait s'apparente indéniablement à une exigence. Et bien que cette dernière ait été acceptée par toutes les parties animées de bonne volonté, des tractations se poursuivent aujourd'hui encore pour amener Rabat à rendre officiellement public son accord pour la réunion de Tunis. Une rencontre que le Maroc tente, de son côté, de négocier pour en obtenir davantage afin d'éviter de perdre une nouvelle fois la face auprès de son opinion. A. C.