Le message du souverain marocain a le mérite d'être clair sur la volonté de son pays en ce qui concerne l'UMA. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a adressé une lettre au président de la République à l'occasion du 16e anniversaire de la création de l'Union du Maghreb arabe. Dans sa missive, le souverain alaouite a réitéré son «profond attachement à poursuivre le processus d'édification de ce projet stratégique». Il n'a pas manqué également de saluer «les efforts et actions» qu'entreprend le président Bouteflika «pour garantir la pérennité et la vitalité de l'Union du Maghreb arabe en vue de contribuer à la défense des questions décisives pour notre devenir et permettre de relever les grands défis du développement maghrébin». Pour le roi du Maroc, dont la lettre intervient au lendemain de celle du président tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali, la construction de l'édifice maghrébin «consacre les aspirations historiques et d'avenir de nos peuples frères à réaliser l'intégration escomptée dans tous les domaines fixés par le traité de Marrakech à la faveur d'une volonté maghrébine sincère et une démarche progressive et ferme». Le message du souverain marocain a donc le mérite d'être clair sur la volonté de son pays en ce qui concerne l'UMA. Or, cette volonté ne s'exprime pas dans les faits. Et pour cause, la conditionnalité qu'il pose sur la question sahraouie, revient régulièrement au-devant de la scène. Cependant, les observateurs notent une évolution jugée positive dans l'attitude marocaine, puisque ce pays sera représenté par son chef d'Etat lors du prochain Sommet d'Alger de la Ligue arabe. Jumelée à l'annonce faite par Belkhadem ayant trait au fait que les quatre autres dirigeants de l'UMA ont également confirmé leur participation à la réunion de la Ligue arabe, l'acceptation du roi de l'invitation de Bouteflika constitue un réel motif d'espoir de voir le processus de la construction de l'Union maghrébine sérieusement relancé. La perspective de voir les cinq présidents et roi maghrébins à Alger est de nature à effacer l'échec du Sommet d'Alger, annulé sine die après la défection du Maroc et de la Mauritanie. Il est clair que les tractations au sommet qui auront lieu à l'occasion de la réunion de la Ligue arabe porteront leur fruits, dans le sens d'une réunion d'un véritable Sommet de l'UMA, condition sine qua non pour toute relance du processus. Au plan des relations bilatérales, l'on retiendra les voeux du Maroc de voir la frontière entre les deux pays rouverte, notamment après la suppression du visa d'entrée au Maroc pour les Algériens. Voeux auxquels l'Algérie consent à répondre positivement, mais dans le cadre d'un traitement global de tout le contentieux algéro-marocain, qui porte, entre autres, sur de nombreux problèmes consécutifs à l'imposition du visa par le Maroc, posés par de nombreux citoyens algériens. Cela dit, les multiples gestes de bonne volonté du souverain marocain sont destinés à dégeler les rapports entre Alger et Rabat, sans reculer sur ce qu'il estime essentiel, à savoir la «marocanité du Sahara occidental». A ce propos, la position d'Alger qui s'appuie sur la légalité internationale est claire et «ne peut souffrir aucun compromis», insistent, à chaque occasion, les plus hautes autorités de l'Etat. Cependant, à la lumière de l'évolution de la position marocaine, il est utile de se poser la question de savoir si Mohammed VI a enfin compris qu'il n'y a point de marchandage sur le dossier sahraoui. En fait, son déplacement à Alger en mars prochain peut donner des éléments d'explication, en ce sens, d'autant que la presse marocaine, habituellement très prolixe sur la relation de cause à effet, entre le Sahara occidental et l'UMA, n'a pas jugé nécessaire d'aborder le sujet sous cet angle dans les comptes rendus traitant de la venue du roi en Algérie.