L'organisation de la Supercoupe d'Italie en Arabie saoudite, où les femmes non accompagnées seront interdites de stade, a provoqué jeudi un véritable tollé, y compris de la part du gouvernement. La Ligue de football italienne a publié mercredi les conditions de vente des billets de cette finale de la «Supercoppa italiana» entre la Juventus de Turin et le Milan AC, prévue à Jeddah le 16 janvier. Les «tifose», supportrices italiennes, ont alors eu la surprise de constater qu'elles ne pourraient assister au match que dans des tribunes spécifiques réservées aux familles et donc en présence d'un homme. La polémique a rapidement enflé, provoquant un déluge de réactions négatives. «Que la Supercoupe d'Italie se joue dans un pays islamique où les femmes ne peuvent aller au stade si elles ne sont pas accompagnées par des hommes est triste et dégoûtant : moi, ce match je ne le regarderai pas», a affirmé jeudi Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et patron de la Ligue (extrême droite). L'homme fort du gouvernement italien est pourtant un «tifoso» acharné du Milan AC dont il ne rate quasiment aucun match. «J'exprime mon désaccord le plus vif» après la décision prise par la Ligue italienne de football de faire jouer cette finale à Jeddah, a indiqué de son côté le secrétaire d'Etat à la parité, Vincenzo Spadafora. «Il est inadmissible que le football italien fasse semblant de ne pas voir cette discrimination évidente», a-t-il ajouté dans un communiqué. Le président de Ligue de football Gaetano Micciche, a vivement réagi, affirmant que bien au contraire, la présence de femmes au «King Abdullah city stadium» serait une «première historique». «On se rappellera dans l'Histoire de notre Supercoupe comme la première compétition internationale à laquelle les Saoudiennes auront pu assister dans un stade», a-t-il affirmé. Des femmes ont en fait déjà pu assister en 2018 à des matchs organisés en Arabie saoudite à l'occasion de la Ligue des Champions d'Asie de football. Un certain nombre de réformes leur ont permis, pour la première fois en janvier 2018, d'entrer dans un stade de football pour suivre une rencontre. Elles ne peuvent toutefois accéder qu'à certaines tribunes réservées aux familles et non à celles où prennent place les hommes. «La Fédération de football doit bloquer immédiatement cette honte absolue et décider de transférer la Super Coupe dans un pays qui ne discrimine pas nos femmes», a déclaré de son côté la députée et chef du petit parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni. La gauche italienne a également demandé l'intervention de la fédération de football. «Il est nécessaire que le football donne un signal fort sur le front des droits civils», a réagi le sénateur du Parti démocrate (PD, centre-gauche), Ernesto Magorno. «J'avais donné l'alarme il y a plus de deux mois sur la finale de la Supercoupe en Arabie saoudite. Je ne peux que m'unir aujourd'hui à tous ceux qui expriment leur préoccupation. Qui aime le foot, rejette toutes les barrières culturelles. Toujours», a commenté de son côté l'ancien secrétaire d'Etat au Sport, Luca Lotti (PD). La télévision publique italienne RAI doit refuser de diffuser cette finale, a réclamé de son côté le député Le U (Libres et Unis, gauche radicale), Nicola Fratoiani. Amnesty International avait déjà demandé fin octobre à la Juventus et à l'AC Milan de boycotter cette finale de la Supercoupe d'Italie, à la suite de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et de la situation des droits de l'Homme dans ce pays.