Un vif émoi s'est emparé mardi de la classe politique et de la police françaises après le succès rencontré par une cagnotte en faveur d'un boxeur «gilet jaune» filmé en train d'agresser des gendarmes à Paris, et parfois érigé au rang de «héros». Un vif émoi s'est emparé hier de la classe politique et de la police françaises après le succès rencontré par une cagnotte en faveur d'un boxeur «gilet jaune» filmé en train d'agresser des gendarmes à Paris, et parfois érigé au rang de «héros». Hier matin vers 08h30, plus de 117.000 euros avaient été récoltés et le nombre de donateurs grimpait de façon exponentielle (près de 7.500 dons à 10h45) avant que la plateforme de collecte en ligne Leetchi décide ne plus accepter de dons. Les fonds sont destinés à soutenir la défense de Christophe Dettinger, un ancien boxeur professionnel, qui a été champion de France des lourds-légers, qui s'est rendu à la police lundi matin après avoir admis dans une vidéo postée sur internet avoir «mal réagi» à une «colère» déclenchée, selon lui, par «la répression» policière. Des images qui ont fait le tour du monde montrent «le Gitan de Massy», comme il était surnommé pendant sa carrière, assénant de violents coups de poing, notamment au bouclier et à la visière en plexiglas du casque de gendarmes, les faisant reculer, lors de la huitième manifestation de «gilets jaunes» à Paris, une nouvelle fois marquée par des débordements. Les «gilets jaunes», des Français des classes populaires et moyennes qui revêtent le gilet de sécurité fluorescent rendu obligatoire pour les automobilistes, protestent depuis un mois et demi contre la politique sociale et fiscale du gouvernement, qu'ils jugent injuste, et réclament également plus de pouvoir d'achat. Face à la persistance des violences, et une mobilisation qui ne s'éteint pas même si elle faiblit, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé lundi soir une prochaine loi «anticasseurs» avec un fichier à l'image de celui antihooligans. «Edouard Philippe dégaine l'arsenal ultra-sévérité », en conclut hier le quotidien de gauche Libération. L'ancien boxeur a été placé en garde à vue lundi matin pour «violences volontaires en réunion et sur personne dépositaire de l'autorité publique». La garde à vue a été prolongée hier. Sur le site de la cagnotte, des milliers de personnes affichent leur soutien au boxeur, parfois même érigé au rang de héros. «Cet homme est un héros !», selon un message signé Benoît Faivre. «A poings nus contre 5 flics tout équipés, bravo du courage !», écrit un autre. «Respect Monsieur, vous êtes un Robin des bois», affirme un internaute. En dépit des nombreuses violences qui ont émaillé leur mobilisation, lors ou en marge des manifestations, les «gilets jaunes» restent majoritairement soutenus par la population: 55% des Français souhaitent que le mouvement se poursuive, selon un sondage Odoxa Dentsu consulting publié jeudi. La cagnotte a cependant suscité un tollé parmi la classe politique et les forces de l'ordre. C'est «choquant», a ainsi estimé la ministre française des Transports Elisabeth Borne. «Est-ce que c'est normal de vouloir apporter un soutien à ce monsieur qu'on a vu frapper un policier à terre, qu'on a vu boxer un policier?», s'est-elle indignée. «Apparemment, ça rapporte de frapper un policier. Quand l'attrait de l'argent vient s'ajouter à la haine et à la violence, je n'ai que du dégoût», avait également protesté lundi sur Twitter le secrétaire d'Etat français chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi. «Tout le monde doit être responsable: cette cagnotte est indigne.» Cela «démontre qu'une frange de la population légitime les violences des casseurs», déplore le syndicat policier SCSI-CFDT, qui propose que «la totalité de la cagnotte soit remise aux deux gendarmes frappés samedi». En réaction, le président de la région Provence-Alpes-Côted'Azur (Sud de la France) Renaud Muselier (opposition de droite) a lancé hier une cagnotte pour les forces de l'ordre blessées lors des dernières manifestations. Mais, peu avant 12h30 hier, seuls 1.100 euros avaient été récoltés. Face au tollé, la plateforme Leetchi a annoncé que la cagnotte en faveur du boxeur n'acceptait «plus de contribution». Mais cela ne représente «en aucune manière» un «jugement de valeur», explique Leetchi. Le site «s'engage» de plus à ce que les fonds collectés «servent uniquement à financer les frais de justice conformément» aux conditions générales d'utilisation qui «proscrivent toute incitation à la haine ou à la violence ». «L'argent sera reversé directement sur le compte dédié de l'avocat et ce, sans aucun intermédiaire», assure la plateforme, précisant que les dons non utilisés seront «remboursés».