Le laboratoire pharmaceutique Boehringer Inglheim se lance dans la production locale. Le laboratoire, qui a conclu un partenariat avec le laboratoire Abdi Ibrahim Remed Pharma, va commercialiser deux médicaments innovants. Micardi plus, un médicament contre l'hypertension, sera mis sur le marché vers fin 2020 et Jardiance, un médicament contre le diabète de type 2, qui sera commercialisé en 2022. Salima Akkouche – Alger (Le Soir) - Il s'agit des premiers médicaments innovants que le laboratoire a décidé de fabriquer en Algérie pour un coût d'investissement de 20 millions d'euros. Le laboratoire compte élargir peu à peu sa gamme de production vers d'autres médicaments. Boehringer compte produire 70% de son portefeuille en Algérie, a indiqué hier son directeur général lors d'une conférence de presse. D'ailleurs, M. Bachir Batel a déclaré que la première usine, en dehors du pays d'origine, qui va fabriquer Jardiance, médicament pour le traitement de diabète de type 2, c'est en Algérie. L'opérateur a souligné que l'objectif principal actuellement c'est de satisfaire les besoins des patients en Algérie. Une fois le besoin local est satisfait, dit-il, «on pensera à l'exportation». «Avec un profil de maladies non transmissibles qui représente environ 76% de tous les décès et une mortalité par maladies cardiovasculaires de 36%,3% par maladies respiratoires chroniques et 4% par le diabète, notre travail avec nos partenaires est essentiel pour obtenir des résultats positifs en Algérie, dans l'ensemble du secteur de la santé, dans le monde médical et, plus important encore, chez les patients», a déclaré l'opérateur. L'hypertension artérielle, poursuit-il, est en augmentation en Algérie, avec un taux de prévalence de 44% dans la population adulte. Le diabète se classe au quatrième rang des maladies non transmissibles les plus répandues dans le pays. 14,4% de la population adulte âgée entre 18 et 70 est atteinte du diabète en Algérie. Les patients atteints du diabète de type 2 ont un risque accru de développer une maladie cardiaque et un accident vasculaire cérébral, explique-t-on. Le partenariat entre Boehringer et AIRP, qui totalise une capacité de production de 51 millions d'unités par an, entre formes sèches et liquides, soulignent les opérateurs, vise, entre autres, à renforcer l'Algérie en tant que centre d'excellence des soins de santé en Afrique, la mise en œuvre de technologies de pointe telles que la fabrication de comprimés bicouches et augmenter l'accès aux médicaments chez les patients. Les médicaments innovants confrontés au problème du remboursement Le président de la Société algérienne de diabétologie a déclaré hier que les médicaments innovants sont confrontés au problème du remboursement. Ces médicaments ne sont pourtant pas confrontés au problème d'enregistrement. Ils sont mis sur le marché mais ils coûtent 8 fois plus cher que les médicaments classiques. «Pourquoi le ministère du Travail met en doute l'apport de ces médicaments pour ne pas les rembourser alors qu'ils sont commercialisés ?» s'interroge le professeur Semrouni. Selon lui, le ministère du Travail remet en doute la qualité de ces produits innovants qui ont eu l'aval des comités des experts cliniciens du ministère de la Santé. «Si on n'a pas les moyens de ces thérapies pour les rembourser qu'on nous le dise clairement mais il ne faut pas remettre en cause la qualité des thérapies nouvelles», a déclaré le professeur. Les prescripteurs se retrouvent dans l'embarras de prescrire un médicament qui n'est pas remboursé et qui coûte cher notamment pour les patients qui nécessitent un traitement à long terme. S. A.