Les deux groupes algéro-allemands, les laboratoires Boehringer Ingelheim et Abdi Ibrahim Remède Pharma, ont conclu hier un partenariat stratégique portant sur la production locale de deux traitements, l'un pour l'hypertension artérielle et l'autre pour le diabète de type 2. La commercialisation du MicardisPlus, un médicament indiqué dans le traitement de l'hypertension artérielle qui touche plus de 3 millions d'Algériens, déjà remboursé par les services de de la sécurité sociale (CNAS) est prévue à la fin de l'année 2020. Tandis que le traitement «innovant» recommandé pour le diabète de type 2, qui sera fabriqué localement, est prévu en 2022. La production aura lieu au niveau de l'usine implantée au pôle technologique de Sidi Abdellah à Alger, appartenant au groupe algérien Abdi Ibrahim Remède Pharma (AIRP). C'est une des plus modernes unités de production pharmaceutique en Algérie, certifiée GMP (bonne pratique de fabrication) et GLP (bonne pratique de laboratoire), selon le directeur général de Boehringer-Ingelheim, le Dr Bachir Batel. Le DG de Boehringer Algérie a affirmé lors d'une conférence de presse tenue hier à l'hôtel Sofitel à Alger que cette démarche d'engagement et d'investissement en Algérie a été entamée en 2016 avec le lancement de la production de l'antihypertenseur, le Micardi. «Notre groupe a annoncé le lancement d'autres projets, comme celui annoncé aujourd'hui, portant sur la production locale des traitements contre le diabète de type 2, pour se lancer par la suite dans des projets portant sur la production locale des médicaments en oncologie», précise-t-il. Et d'ajouter que «le coût d'investissement qui comprend entre autres le volet du transfert technologique et de formation est de 20 millions d'euros, pour la production locale des deux traitements cités». Le Dr Bachir Batel a affirmé devant l'assistance et présence du représentant du ministère de la Santé que «la promotion de tels partenariats locaux avec le secteur manufacturier représente une plateforme qui nous permet de soutenir l'objectif national consistant à accroître l'autosuffisance et à réduire les importations, tout en créant des emplois locaux». Le professeur Mourad Zemrouni a évoqué pour sa part la problématique du remboursement des produits innovants en exprimant son scepticisme. «Le remboursement des traitements innovants est souvent confronté au refus des autorités du ministère du Travail. En tant que société savante de diabétologie, on a l'impression qu'on est en train de crier dans le désert». Pour lui, il faut résoudre «cette dichotomie entre le ministère de la Santé et du Travail sur la nécessité de rembourser les médicaments innovants». Et de poursuivre : «Les autorités ont imposé aux laboratoires importateurs de médicaments d'investir dans la production locale, mais nos autorités refusent le remboursement de certains médicaments, notamment les traitements innovants qui sont coûteux, un refus qui n'encourage pas parfois les producteurs d'aller de l'avant». Et de préciser qu'«avec 1,5 million de naissances par an et la montée en cascade de nombre de maladies chez les Algériens, on le sent déjà, l'Etat algérien ne pourra pas assurer une médecine gratuite de qualité pour toute la population algérienne dans les années à venir». Ce n'est pas pourtant l'avis des investisseurs étrangers en Algérie. Le DG de Boehringer a affirmé que son groupe est prêt à discuter avec tout le monde pour faire en sorte que le patient algérien puisse bénéficier du maximum de produits de qualité et de produits innovants, en reconnaissant qu'il n'a pas eu de garantie encore pour le remboursement du traitement «innovant» contre le diabète de type 2. Et d'affirmer que son groupe «va tout de même produire le traitement contre le diabète de type 2, dans tous les cas de figure, qu'il soit remboursé par les services de la CNAS ou non», insiste-t-il. Et d'expliquer : «L'idée est de ne pas priver les personnes qui peuvent acheter des médicaments innovants parce que certains ne se permettent pas. On va commencer d'abord par le produire, on va expliquer l'intérêt du produit, on va essayer de convaincre les comités scientifiques pour nous aider dans l'étape relative au remboursement du traitement». Dr Lamine Bousteila, cofondateur du groupe AIRP, a exprimé l'engagement de son groupe pour contribuer à l'essor du secteur pharmaceutique en Algérie. Et ce en offrant des solutions thérapeutiques innovantes de haute qualité tout en participant à l'allègement de la facture d'importation. «Comme on s'engage à poursuivre notre collaboration avec le laboratoire allemand Boehringer dans le but d'élargir leur gamme produite en Algérie et contribuer ainsi à l'économie du pays, d'étoffer notre industrie pharmaceutique et de continuer d'offrir à la communauté médicale et à nos patients des outils thérapeutiques de choix». Le représentant de l'ambassade d'Allemagne a précisé à son tour que ce partenariat est «un engagement sérieux de l'industrie allemande en Algérie ». Et d'ajouter que «la production locale de ces traitements assurera à coup sûr un transfert technologique » en rappelant «le projet de signalisation, de sécurité et de contrôle du réseau ferroviaire algérien, conclu entre la SNTF et Siemens». Il a précisé que les autorités allemandes accordent une grande importance au volet formation et transfert technologique répondant ainsi aux besoins des autorités algériennes.