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Dieu peut-il offrir une Ferrari ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 21 - 01 - 2019

Le Canada est un pays d'immigration, tout comme l'Australie que les Algériens rêvent d'accoster par bateau, mais beaucoup moins accueillant qu'il n'y paraît, pour certains. Vu le peu d'ouverture, et pour cause, de l'Australie, le Canada est la destination privilégiée de nos compatriotes. Ils seraient plus de 100 000 à avoir émigré dans ce pays qui accueille indistinctement ceux qui rêvent de la «Solution islamique» et ceux qui la fuient comme la peste. Les deux opposants déclarés ou non au régime politique de leur pays ne croient plus au mythe du retour et de la réinsertion, un slogan qui a bercé d'illusions toute une génération en France. Les Algériens du Canada ont emporté avec eux leurs querelles et c'est donc avec des sentiments différents, voire divergents, et une pointe d'envie commune qu'ils ont vu arriver Rahaf. En effet, c'est un accueil quasi-triomphal que le Canada politique et médiatique a réservé à Rahaf (prononcer le h en Ha-glottale fricative) Al-Qounoune, Saoudienne de 18 ans en rupture de ban. Justement, parmi les causes de sa fuite d'Arabie Saoudite, il y aurait la décision de ses parents de la marier contre son gré et de la cloîtrer depuis qu'elle a l'âge de seize ans. Qu'elle ait obéi à un désir légitime de liberté, qu'elle ait subi ou non l'enfermement et les châtiments corporels dont elle a fait mention, la jeune fille a su utiliser des arguments qui portent en Occident.
Le Canada ayant déjà prouvé qu'il pouvait mieux accueillir une partie de la misère du monde, l'occasion était trop belle d'ouvrir des bras chastes à la demoiselle qui fuyait l'Arabie Saoudite. Comment résister alors que Rahaf avait exprimé son désir de liberté, ce mot aussi magique qu'un sésame et qu'entre le Canada et l'Arabie Saoudite, la tendance n'est pas au beau fixe. L'arrivée, en fanfare, de Rahaf à Toronto, en pleine crise diplomatique entre les deux pays, a été surtout l'occasion rêvée de noircir l'image d'un pays, déjà ternie par l'assassinat de Khashoggi (1). Quant à Rahaf, proclamée en urgence citoyenne du Canada, elle ne s'attendait certainement pas à être hissée sur un tel piédestal, elle qui voulait simplement échapper au carcan familial. D'ailleurs, les officiels saoudiens ont eu beau jeu de déclarer qu'il s'agissait d'une «affaire familiale», alors qu'elle venait de quitter subrepticement le Koweït, où elle était en vacances. Ironie du sort, c'est ce Koweït, pays de loisirs surveillés pour une jeune Saoudienne, qu'une autre femme, une Koweïtienne, prenait à son tour la poudre d'escampette, vers les Etats-Unis. Il ne s'agit pas d'une désespérée, ni d'une réaction de désespoir d'une harraga, en mal de perspectives d'avenir et encore moins d'une adolescente en crise de croissance.
C'est sur son compte Twitter que Fatima Al-Matar, docteur en droit de l'Université de Koweit-City, a annoncé avoir quitté son pays et demandé l'asile politique aux USA. Fatima n'a pas agi sur un coup de tête, ni prémédité de longue date son geste, mais elle a plus sûrement réuni contre elle les ingrédients de l'intolérance et de la répression, de sa société. «J'ai été déférée au parquet, a-t-elle écrit sur sa page, à cause de ce twitt (en image) : ils m'ont inculpée sous l'accusation de porter atteinte à l'entité divine et de mépriser les religions, ainsi qu'une mauvaise utilisation du téléphone. Ils m'ont déférée devant un tribunal, parce que j'ai demandé à Dieu (2) une automobile Ferrari (3) et des droits égaux à ceux des hommes. Je ne peux plus supporter cette société détestable et hypocrite, je ne crois plus en une patrie qui s'ingénie à emprisonner son peuple.» Dans un autre message, elle raconte :«Je suis heureuse de commencer une nouvelle vie dans un beau et grand pays, qui croit en la valeur et en la dignité de l'être humain. Je suis partie aux Etats-Unis avec ma fille et j'ai demandé l'asile, a-t-elle ajouté, nous avons été hébergées dans un centre de réfugiés, pour une quinzaine de jours. Nous avons été traitées avec respect et considération, mais nous n'étions pas autorisées à avoir un téléphone ou un lap top, tant que nous n'avions pas obtenu le droit d'asile. Je suis très heureuse que ma fille puisse bénéficier de plus d'opportunités.»
Bien évidemment, et comme dans nos propres cas, religieux et «laïcs» se sont retrouvés au diapason pour condamner la «trahison» de Fatima Al-Matar, qui aurait dû, selon eux, rester au Koweït. Certains ont même été jusqu'à exiger d'elle de présenter des excuses au peuple, et ce, lors de sa comparution devant le tribunal. «Mais, comme le note l'écrivain koweïtien Fakher Soltane, ce serait admettre que la demandeuse d'asile aux Etats-Unis est fautive. Quant à ceux qui lui disent qu'elle aurait dû rester dans son pays et se battre pour ses droits, il leur oppose un argument majeur : vouloir réformer de l'intérieur un système qui ne veut pas se réformer est une gageure. «Autant demander au Parlement de réformer le système, alors que ça fait 50 ans que nous réclamons cette réforme en vain», souligne Fakher Soltane. Quand on parle du loup...
A. H.
(1) On appréciera au passage cette déclaration du Président des Comores qui a affirmé que l'affaire Khashoggi était une «affaire interne» à l'Arabie Saoudite, comme quoi on ne prête qu'aux riches et avec intérêts.
(2) Le dialogue imaginaire avec Dieu date d'octobre 2018, ce qui indique un temps de réaction assez long de la part des autorités. Il ne manque pas de saveur, comme on peut le constater, surtout sur la question de l'égalité des droits, qui semble avoir été le motif essentiel : «Cher Dieu, c'est presque mon anniversaire.» Dieu : «Oui, je sais.» Fatima : «Pourrais-je avoir une Ferrari ?» Dieu : «Sois raisonnable !» Fatima : «Et pour les femmes les mêmes droits que les hommes.» Dieu : «De quelle couleur la Ferrari ?»
(3) En principe, nul citoyen d'un pays arabe ou assimilé ne doit être poursuivi pour avoir demandé à Dieu une voiture comme cadeau d'anniversaire. C'est d'abord une marque de piété et ensuite parce que tous les automobilistes respectables arborent leurs remerciements à Dieu sur leurs pare-brise ou sur la lunette arrière.


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