La police soudanaise a tiré hier des gaz lacrymogènes sur des manifestants antigouvernementaux rassemblés en vue d'une marche vers le Parlement à Omdourman, ville voisine de la capitale Khartoum, pour demander la démission du président Omar el-Béchir, ont indiqué des témoins. Des protestataires scandant «Liberté, paix et justice» ont commencé à se rassembler dans certains secteurs d'Omdourman avant d'être rapidement dispersés par la police à l'aide de gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins. C'est l'Association des professionnels soudanais, en première ligne de la contestation qui secoue le Soudan depuis un mois, qui a appelé à une marche vers le Parlement. «Les manifestants vont donner un memorandum au Parlement appelant à la démission du président Béchir», a annoncé l'association, qui regroupe notamment des médecins, des ingénieurs et des professeurs. En plein marasme économique, le Soudan est secoué depuis le 19 décembre par un mouvement de contestation déclenché par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Quasi quotidiennes, les manifestations se sont vite transformées en contestation du pouvoir d'Omar el-Béchir, qui tient le pays d'une main de fer depuis un coup d'Etat en 1989. Les autorités soudanaises ont fait état de 26 morts depuis le 19 décembre mais l'ONG de défense des droits humains Amnesty International a évoqué au moins 40 morts, dont des enfants et des personnels médicaux. Une autre manifestation a eu lieu dimanche dans le quartier de Bahari, dans l'est de Khartoum, ont rapporté des témoins. L'Association des professionnels soudanais a appelé à la tenue de manifestations nocturnes mardi dans la capitale et à Omdourman, et à d'autres rassemblements jeudi dans tout le pays. La répression gouvernementale a suscité des critiques à l'étranger. Le chef de l'Etat a lui imputé les violences à des «conspirateurs», sans toutefois les nommer. Au-delà de la baisse des subventions pour le pain, le Soudan fait face à un grave déficit en devises étrangères. Les habitants sont confrontés à des pénuries régulières d'aliments et de carburants, tandis que les prix de certaines denrées subissent une forte hausse.