C'est un bilan prometteur qu'a dégagé l'étude menée par Oxford Business Group (OBG), pour sa 13e édition. Les résultats du rapport ont été avalisés par les pouvoirs publics, en témoignent les allocutions des ministres de l'Industrie et des Mines, du Commerce, ainsi que le secrétaire général du ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables, lors de la présentation du bilan mercredi soir. Outre les interviews de nombreux ministres, le rapport compte également une interview exclusive que le président de la République a accordée au Think Tank OBG, comme il semble que ce soit de tradition chaque année. Nedjma Merabet - Alger (Le soir) - Le rapport revient sur le détail de la situation de l'économie algérienne, ainsi que sur les changements importants survenus ces dernières années, résumant de ce fait la stratégie mise en place par le gouvernement et ses partenaires techniques en matière de gouvernance. Comprenant un sondage de chefs d'entreprises (privées, nationales, locales, étrangères …), on annonce que 61% des sondés pensent qu'il est probable ou très probable que leur entreprise réalise un investissement important au cours des 12 prochains mois, contre 20% qui ne savent pas et 10% seulement qui pensent que c'est peu ou très peu probable. La question de la transparence dans la conduite des affaires constitue, quant à elle, une bataille plus serrée. Les chefs d'entreprises pensent que les réformes consenties restent cependant insuffisantes pour impacter favorablement le niveau de confiance des investisseurs. Le président de la République déclare, quant à lui, que les efforts ne sont pas ménagés pour rendre plus attractif le cadre législatif et réglementaire, dont la révision de la loi sur les hydrocarbures, devant assurer des « partenariats gagnant-gagnant» ; en même temps qu'il déplore encore les «comportements bureaucratiques et intéressés», qui entravent l'action des entrepreneurs, acteurs de la diversification de l'économie, encore à ses premiers pas. Le retour à l'équilibre des comptes publics inclut également la mise en place du Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS), relatif aux restrictions d'importations, mais aussi, et sans doute surtout, «le changement de paradigme et l'accent mis sur la performance qui caractériseront les lois de finances à partir de 2021», selon une synthèse du rapport. C'est donc un bilan d'assainissement de l'économie publique qui ressort positif en alliant ces mesures au remboursement de la dette extérieure. Un point qui se lie directement à un autre axe important du développement de l'Algérie, à savoir le développement et l'intégration du continent africain, sans lequel le nôtre ne serait que chimère. D'où, la politique active de l'Algérie dans les domaines des développements infrastructurel, institutionnel, économique, politique, sécuritaire … sur le continent ; un pan important qui a occupé presque le tiers de l'entretien accordé par le Président. Par ailleurs, de grandes étapes ont été accomplies dans la marche vers le développement de la production hors hydrocarbures, de la politique de l'Algérie, avec notamment le développement des partenariats public-privé. Les infrastructures de base ont beaucoup évolué, et pour exemple des grands changements à venir, le privé pourra bientôt occuper le marché du fret aérien entre autres. Les bases de lancement d'une production industrielle sont en phase de finalisation. La stagnation des investissements provenant de l'Europe est compensée par le développement des nouveaux partenariats d'envergure avec la Chine et la Turquie. Les secteurs clés connaissent de grands changements. En atteste, dans le domaine de l'énergie, le lancement de la stratégie SH2030 «Leading the change» par Sonatrach en 2017 avec un plan d'investissement de 55 milliards de dollars US à l'horizon 2023, dans le but de développer les capacités amont et aval du secteur. Cela comprend autant l'acquisition de la raffinerie italienne d'Augusta auprès d'Exxon Mobile, que le mégaprojet avec Asmidal et le groupe chinois Citic, de 6 milliards de dollars dans le phosphate (fabrication de fertilisants, d'acides sulfuriques et la transformation de gaz en ammoniac). Une industrie de base avec plusieurs applications dérivées, dans le pharmaceutique, l'agriculture industrielle etc. Plusieurs contrats ont été signés dans l'énergie non-conventionnelle (avec BP) et dans l'offshore (avec Eni et Total). Par ailleurs, l'usine de polypropylène d'Arzew et le projet similaire que mène Sonatrach en Turquie nous permettront de disposer de matériaux plastiques de base importants dans l'industrie automobile, pharmaceutique etc. Cette dernière est un des secteurs importants de l'industrie algérienne, avec l'agro-industrie, la sidérurgie, le ciment et les matériaux de construction, atteste le ministre de l'Industrie et des Mines, M. Yousfi. On peut citer comme exemple l'usine de fabrication d'agents immunothérapeutiques avec les Danois, ou encore celle de médicaments oncologiques avec le groupe français Ipsen. Dans certains secteurs, comme l'agro-industrie ou le ciment, l'Algérie est passée en quelques années de l'état de dépendance à l'importation, à celui d'exportatrice. Elle a aussi enregistré de notables améliorations sur les chiffres relatifs au tourisme. Ces politiques semblent donc donner des résultats qui, s'ils ne peuvent être spectaculaires comme attendus par certains, sont du moins très encourageants et prometteurs, du moins si l'on se réfère aux déclarations des hauts responsables autant qu'à l'étude menée par OBG. Pour l'année écoulée, une hausse de 4% du PIB hors hydrocarbures a été enregistrée, accompagnée d'une hausse des exportations. Et malgré une érosion, normale compte tenu de la conjoncture, des réserves de devises (passée de 97,3 fin 2017 à 82,1 milliards de dollars US fin 2018), la politique visant à réduire les chocs potentiels relatifs à la chute des prix du pétrole semble fonctionner doucement mais sûrement, avec un taux d'IDE de 1,2 milliard de dollars US pour 2017. N. M.