Le propos est limpide et l'orientation est on ne peut plus claire «La collaboration active entre les entreprises publiques et privées (...) est valable pour tous les secteurs d'activités, qu'il s'agisse de l'industrie, de l'agriculture, des grandes infrastructures ou de l'énergie et des mines.» Le débat sur l'opportunité ou pas de mettre en oeuvre le partenariat public-privé s'est enrichi par l'intervention du chef de l'Etat qui s'est longuement exprimé dans un entretien qu'il a accordé à une publication du centre d'études économiques britannique, Oxford Business Groupe (OBG). Sans nuance, le président de la République a exprimé son total accord avec la démarche du gouvernement et souligné la nécessité de la révision de la loi sur les hydrocarbures. Cette entrée dans le débat permet de remettre quelques pendules à l'heure et clarifier pas mal de chose. On aura appris qu'il n'existe aucune dissension au sommet de l'Etat. Avec un verbe assuré et une détermination assumée quant à la vision des pouvoirs publics, le chef de l'Etat a défendu le secteur privé qui, selon lui, «a toujours trouvé sa place» dans l'économie du pays. Le président a souligné qu'une économie de marché «est impensable sans une présence forte et active du secteur privé». Le propos est limpide et l'orientation est on ne peut plus claire. Le chef de l'Etat refuse d'imaginer l'économie du pays sans l'apport d'un secteur privé national. Ce n'est, à proprement parler, pas une position idéologique, mais la formulation tient lieu d'un positionnement stratégique. Des financements alternatifs Pour le chef de l'Etat, le partenariat public-privé a ses avantages, notamment celui de permettre le recours à de nouvelles formes de gestion, d'association et de partenariat entre capitaux publics et privés. Il y a du pragmatisme dans le propos du président de la République, d'autant qu'en l'espèce, cette formule est susceptible de mobiliser des sources de financement alternatives. La situation financière que vit le pays rend donc ce partenariat très opportun et le chef de l'Etat est catégorique sur le sujet. «Les pouvoirs publics comptent promouvoir à l'avenir», cette démarche. Cette affirmation sonne comme une réponse à ceux qui avait fait une lecture biaisée de l'instruction destinée au gouvernement conditionnant toute action de privation par son approbation. Le président de la République apporte ainsi une clarification quant à ses intentions sur le dossier du partenariat public-privé. Il n'y a ni marche arrière ni hésitation, sommes-nous tentés de comprendre. «De manière générale, nous encourageons toute démarche de partenariat et de collaboration entre les entreprises publiques et les entreprises privées, nationales et étrangères, pour la réalisation de projets d'infrastructure ou de projets productifs dans tous les secteurs d'activités». Cette déclaration, en réponse à une question d'OGB sur le sujet du partenariat, a donc le mérite de la clarté et ne souffre d'aucune ambiguïté, susceptible de servir de «terrain de chasse» aux adversaires du projet gouvernemental. D'ailleurs, ce partenariat est l'un des axes essentiels du nouveau modèle de croissance. Lequel s'est fixé des objectifs précis en matière de transformation compétitive des structures productives de l'économie nationale. De fait, la vision du nouveau modèle de croissance est «un terrain propice au déploiement du partenariat public-privé» et, de manière plus générale, «à la collaboration active entre les entreprises publiques et privées selon la formule du gagnant-gagnant». Cela est valable, selon lui, pour tous les secteurs d'activités, qu'il s'agisse de l'industrie, de l'agriculture, des grandes infrastructures ou de l'énergie et des mines. Dans ce sillage, il a soutenu que la révision en cours de la loi sur les hydrocarbures «contribuera davantage à l'amélioration des conditions d'attractivité des investissements étrangers dans ce secteur». En effet, a-t-il relevé, «l'apport financier et technique des entreprises étrangères dans l'amont pétrolier permettra de développer et de valoriser nos potentialités énergétiques pour sécuriser à long terme la demande interne et assurer nos engagements internationaux de livraison de gaz et de pétrole, en association avec l'entreprise publique Sonatrach». Et donc pour le chef de l'Etat «la révision de la loi sur les hydrocarbures contribuera à l'amélioration des conditions d'attractivité des investissements étrangers». En somme, le président de la République vient rappeler que le PPP est nécessaire et utile et pour cela il va concerner tous les secteurs d'activité «sans exception». En clair, cela veut dire tout simplement qu'il ne peut y avoir un relance de l'économie nationale sans la promotion de l'investissement privé et du partenariat public-privé. Ainsi en a décidé le chef de l'Etat qui a par la même occasion insisté sur le fait que «les objectifs de croissance que nous ambitionnons d'atteindre ne peuvent l'être sans la contribution des entreprises privées». Cela dit, et pour revenir au rapport élaboré par OBG, et lancé officiellement hier, son rédacteur en chef, Olivier Cornock, a déclaré que «si la chute des prix du pétrole a pesé lourdement sur l'économie algérienne, les mesures prises pour réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures doivent êtres saluées». La diversification n'est pas un mythe Commentant ce rapport, le rédacteur en chef dira: «L'objectif poursuivi par l'Algérie d'équilibrer son budget d'ici 2020 ne se fera pas sans problème. Cependant, le gouvernement a agi pour mettre en oeuvre un nouveau modèle économique de croissance et inaugurer les réformes dont il a besoin pour s'adapter et stimuler l'évolution des revenus». Et de déclarer enfin: «Nous attendons à ce que ces changements fournissent des bases solides pour la prochaine phase du développement économique et de diversification économique du pays». Il convient de savoir, selon la directrice de OBG Algérie, Lamis Yazbeck que le rapport Algérie 2017 «marque l'aboutissement de plus de 10 mois de recherche sur le terrain par une équipe d'analystes d'OBG qui a sillonné le pays et a pris attache avec plus de 350 investisseurs locaux». Elle a aussi précisé à la presse que la publication évalue les tendances et les développements de l'économie algérienne, y compris ceux en macroéconomie, infrastructure et autres. Autrement dit, OBG présente au travers de son rapport un condensé de l'économie algérienne et de ses potentiels d'investissements. On lit ainsi, dans le document de presse, que l'analyse de l'économie générale confirme la montée en puissance du secteur privé dans le PIB ainsi que les efforts du gouvernement pour équilibrer le budget. Notons également que dans le rapport, il est souligné que parmi les domaines d'intérêt sur lesquels se sont penchés les analystes de OBG, figure l'important portefeuille de projets de l'Algérie, dominé par des projets d'infrastructures de logement et de transport, notamment des initiatives maritimes et ferroviaires. Les analystes estiment «que ces projets soutiendront les efforts de diversification et renforceront les relations commerciales et étrangères». Faut-il souligner enfin que dans son rapport, OBG explore également les défis auxquels le gouvernement est confronté «tandis qu'il cherche à répondre à ses impératifs» précisent les analystes de OBG.