Les avoirs en devises de la Banque d'Algérie baissent de manière sensible. Pour le professeur et analyste en économie Mohamed Cherif Belmihoub, il y a toutes les raisons de s'inquiéter puisque les réserves de change sont sous la barre des 80 milliards de dollars selon les affirmations du Premier ministre Ahmed Ouyahia. Une situation inquiétante d'autant plus que notre pays ne dispose pas encore d'une économie diversifiée «l'Algérie dépense plus que ce qu'elle gagne», a précisé l'économiste s'exprimant hier à l'émission L'Invité de la rédaction de la Chaîne 3. Ce dernier ne cachera pas ses craintes en se disant préoccupé de savoir comment ce stock de devises va évoluer, sachant que le déficit annuel moyen de la balance des paiements est de l'ordre de 20 milliards de dollars. L'intervenant prévient qu'au cas où le baril de brut reste fixé à 70 dollars, «ce qui n'est pas sûr» et que, de plus, le niveau des importations soit maintenu à 35 milliards de dollars, le pays risque de devoir faire face à un déficit de 7 à 8 milliards de dollars. Et si pour le directeur général de la prévision au ministère des Finances Sidi Mohamed Ferhane, l'Algérie a encore la possibilité de «remonter la pente» jusqu'à 2023, grâce aux réformes structurelles mises en œuvre au niveau du budget et du commerce extérieur, en particulier, pour notre expert économiste Mohamed Cherif Belmihoub , la balance commerciale et les importations vont s'en trouver affectées aussi longtemps que l'économie algérienne ne se diversifiera pas, relevant au passage que la balance des services enregistre un déficit annuel de 12 à 13 milliards de dollars. Il est à savoir que les tensions sur les équilibres extérieurs et, par contrecoup sur la balance des paiements, sont induites à 80% par les salaires des fonctionnaires et les transferts sociaux qui représentent à eux seuls environ 3 500 milliards de dinars. En plus des importations de marchandises et de services qui consomment à eux seuls, entre 10 et 11 milliards de dollars annuellement. Répondant à la question pourquoi la production nationale ne suit pas ? L'expert indiquera «on investit peu et qu'on consomme plus», d'autant plus qu'il y a une croissance démographique d'environ 1 million de personnes chaque année et que cette croissance démographique «n'est pas adossée à la croissance économique car les usines ne tournent pas à plein régime». Les difficultés de l'Algérie à démarrer sa machine économique résultent de l'absence d'un projet politique ambitieux allant au-delà de la loi de finances. Mais pour redresser l'économie, l'expert préconise de libérer l'investissement, l'entreprise publique des tutelles administratives, assainir le secteur public pour lui éviter de continuer à être un gouffre financier pour le budget de l'Etat et organiser le marché sur des bases concurrentielles en le libérant de la mainmise des lobbies. Ilhem Tir