En l'absence d'un changement de cap, les perspectives économiques de l'Algérie seront défavorables, soutient l'expert du FMI, Abdelrahmi Bessaha. Les options économiques adoptées par le gouvernement algérien pour les quelques années à venir sont très risquées, alerte le docteur en économie Abdelrahmi Bessaha, dans une analyse sur la situation financière du pays et ses perspectives à moyen terme. «Les perspectives économiques du pays à moyen terme sont sujettes à un ensemble de risques intérieurs et extérieurs, notamment le relâchement de l'effort de redressement, l'absence de visibilité économique à moyen terme, les rigidités structurelles et un contexte économique mondial difficile…», analyse ainsi l'expert auprès du Fonds monétaire international (FMI). De prime abord, souligne-t-il, les données préliminaires sur le contexte économique actuel de l'Algérie offrent une esquisse de la physionomie économique et financière pour 2018 qui sera dominée par «une croissance faible», «une inflation élevée», «des déficits budgétaire et de la balance des paiements également élevés», «des réserves en baisse» et «une monnaie nationale affaiblie». Dès l'année prochaine, anticipe-t-il en ce sens, la croissance économique devra ramollir à 2,7% avant de se dégrader davantage, pour n'être que de 0,5% à l'horizon 2023, tandis l'inflation galopera à 7,6% en 2019 et poursuivra son ascension pour atteindre un niveau alarmant de près de 14% d'ici les cinq prochaines années. Dans le même contexte, les équilibres financiers extérieurs du pays resteront très fragiles, selon l'expert du FMI, avec notamment un déficit toujours élevé de la balance des paiements et, par conséquent, une poursuite de l'effondrement des réserves officielles de change, dont l'encours ne dépasserait guère les 12 milliards de dollars en 2023. Parallèlement, la facture d'importation, prévoit-il, ne pourrait être compressée en deçà des 40 milliards de dollars à la même échéance. Aussi, en l'absence d'un changement de cap sur le moyen terme, le projet de budget pour 2019 excluant une telle option, «les perspectives économiques et financières de l'Algérie seront défavorables», tranche Abdelrahmi Bessaha. Selon lui, l'économie nationale continuera ainsi d'afficher une faible croissance, une persistance des tensions inflationnistes et des déficits budgétaire et extérieur accompagnés par une réduction du niveau des réserves internationales. En guise de recommandations, le même expert juge impérieux et urgent de mettre en place un plan multi-annuel de réformes, alliant visibilité à moyen terme pour les autorités, les investisseurs et les citoyens, assainissement budgétaire en vue d'un retour à une viabilité financière, ainsi que des réformes structurelles pour moderniser et assouplir le fonctionnement de l'économie et des politiques sectorielles cohérentes pour accroître l'offre globale. En définitive, relève l'expert du FMI, il serait souhaitable de poursuivre «une stratégie moins risquée» qui permettrait probablement d'obtenir de meilleurs résultats à moyen terme, avec notamment «un assainissement budgétaire soutenu, mais progressif, sans recours au financement monétaire».