La tournure déjà prise par l'élection présidentielle du 18 avril prochain donne une impression de déjà vu, avec un scénario qui met deux camps en vedette, deux camps qui s'étripent surtout sur les réseaux sociaux. Tout ou presque est focalisé sur la candidature du Président en exercice qui, il est vrai, comme ce fut le cas il y a cinq ans, sort de l'ordinaire. Sans que cela constitue une surprise, l'annonce de la candidature de Bouteflika, faite par le biais de la lettre qui a tout pour entrer dans la postérité, a éclipsé et dérouté du monde parce que, il faut se le dire, il y en avait qui, malgré tous les signes annonciateurs, ne pouvaient pas croire que le Président en exercice allait franchir le pas, eu égard à son état de santé et le vide qu'il a laissé durant tout ce mandat en voie d'être bouclé. Un haut fait – l'annonce de la candidature du Président – qui a dicté toute la démarche de ceux qui se sont lancés dans la pré-campagne électorale à travers les réseaux sociaux, Facebook tout particulièrement, pour en faire un axe inévitable de leur stratégie de communication. Mais, pour le moment, ce sont surtout les non-partisans qui s'en donnent à cœur-joie sur la toile pour dire tout le mal qu'ils pensent de la candidature de Bouteflika en s'aidant souvent de vidéos et de photos détournées et autres illustrations traficotées à l'aide de Photoshop. La pré-campagne pour la présidentielle on peut la voir, évidemment, sur les pages et les comptes des têtes connues de la scène politique, et c'est plutôt timidement qu'elle s'est ébranlée, les uns et les autres se contentant de commenter l'entrée en scène de Bouteflika. De Soufiane Djilali à Abderrezak Makri en passant par Ali Benflis et Talaie El Houriet qui, en début d'après-midi, annonçait le passage de son chef sur France 24, le son de cloche est identique : tous soulignent le coup de force du pouvoir et de la «dangerosité» de la candidature de Bouteflika pour l'avenir immédiat du pays. Les partis et personnalités politiques semblent vouloir se donner le temps pour affûter leurs armes avant de se lancer dans le bain de la pré-campagne, alors que tout l'intérêt du moment ce sont les commentaires des «citoyens lambda» qui foisonnent pour peut-être donner le ton de ce que sera la campagne électorale. En dehors des voix «officielles», c'est donc surtout les Algériens libres de toute attache partisane qui font et défont le fil de l'actualité sur les réseaux sociaux, en s'armant souvent de tout l'attirail du parfait opposant pour rejeter, le plus souvent avec des mots extrêmement durs, l'option choisie par le pouvoir de reconduire Bouteflika en tant que candidat à sa propre succession. Photos, vidéos et autres moyens, donc, tous les moyens sont utilisés pour accrocher. Inévitablement, les fake news, ces fausses nouvelles qui polluent la toile, font partie du décor et cela s'est surtout vu depuis la fin d'après-midi de lundi, soit le lendemain après que Bouteflika eut adressé sa lettre aux Algériens pour annoncer sa candidature. A vrai dire, à farfouiller sur la toile, les seules traces visibles d'une pré-campagne électorale on les retrouve sur les pages et les comptes du candidat Ali Ghediri qui, dans une stratégie bien étudiée apparemment, ne veut pas laisser le vide s'instaurer dans le domaine de la communication, surtout quand cela s'impose en urgence comme cela avait été le cas avec la rumeur du retrait de maître Mokrane Aït Larbi du staff de campagne de l'ex-général-major. Une rumeur balayée avec la mise en ligne d'une vidéo de l'avocat expliquant le pourquoi de l'entrée en scène de celui qui a attiré ses faveurs. Sinon, ailleurs, pour le moment, ce n'est pas le vide certes, mais les voix sont à peine audibles. Normalement, ça ne saurait tarder pour que tout s'emballe. Azedine Maktour