Les réseaux sociaux sont une belle «arme» pour donner des coups en dessous de la ceinture Avant même son début officiel, la campagne électorale est déjà dans la nouvelle arène que sont les réseaux sociaux. Elle est certes puissante, mais souvent des plus... puantes! En 2017, un petit clic suffit pour devenir un... militant politique! Il nous faut juste avoir une connexion Internet, un ordinateur ou un petit smartphone, pour créer un comité de soutien pour candidat, vanter ses mérites, mais aussi «casser» ses adversaires! En politique, tous les coups sont permis. Et les réseaux sociaux sont une belle «arme» pour donner des coups en dessous de la ceinture, surtout qu'il n'y a pas d'arbitre pour «encadrer» le combat! En effet, la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain est plus que jamais numérique. Elle est certes puissante, mais souvent des plus... puantes! Certains partis politiques utilisent Internet pour attaquer, créer des polémiques. Ils ont compris le pouvoir viral: il faut faire parler de soi, bombarder, quel que soit le message, même si c'est du mensonge. Du clic, du clic, et encore du clic... Ce que ces formations ont bien compris en préparant de véritables plans de bataille. Ils ont mobilisé leurs troupes en ordre de bataille. Ils leur ont même donné des consignes de «guerre» pour créer de faux comptes qui discréditent certains et favorisent d'autres. Ce que nous confirme un jeune militant FLN d'El Oued, dans le sud du pays, qui est chargé des réseaux sociaux. «Les partisans du parti avec lequel on se bat pour la majorité dans notre wilaya, ont créé de faux comptes facebook en se faisant passer pour des militants-FLN déçus par la tournure qu'a pris le parti», témoigne-t-il. «Ils insultent les candidats, le secrétaire général du parti. Crient au scandale et au complot...Cela afin de faire croire que rien ne va à l'intérieur même du parti», poursuit-il en assurant bien sûr que le vrai propriétaire du compte se confine dans l'anonymat. Comment «troller»? En parallèle, on trouve d'autres vrais-faux comptes qui animent et partagent les publications de candidats ou partis politiques tout en faisant croire que ce sont des citoyens lambda, avec aucune affinité politique. «Il faut que ce soit crédible. Par exemple, si on vise à soutenir un candidat arabophone on va faire croire que c'est un francophone qui soutient malgré tout ses idées», rapporte pour sa part le «community manager» d'un parti qui, avoue t-il, a recours à ce genre de méthodes. «Même chose, si c'est un laïc où l'on crée un compte en faisant paraître des tendances islamistes, mais qui est tombé sous le charme du programme, et vice versa. Je donne l'exemple d'un compte où l'on montre un «meryoul» qui aime la vie nocturne et ses vices, toutefois cela ne l'empêchera pas de voter pour un candidat islamiste», poursuit ce jeune qui avoue que son parti a assuré à lui et certains de ses camarades, une formation à l'étranger dans ce qu'il appelle pompeusement la guerre électronique. «On utilise ensuite ces comptes pour «troller». A savoir inonder Facebook, Twitter ou les sections des sites d'information réservées aux commentaires de même que de relayer de fausses informations favorables à certains candidats et défavorables à d'autres», souligne-t-il. Les «fake news» sont ainsi devenus légion. Des pages facebook où carrément des sites sont créés pour «distiller» de la propagande «goebbelsienne». Ils prospèrent sur la théorie du complot avec quelques thèmes de prédilection: les ennemis de l'islam, ceux de la démocratie et bien sûr la fameuse main étrangère. Plus c'est gros, mieux ça passe...On cite l'exemple de cette page qui porte le nom très évocateur de «bon musulman» qui avait «pondu» un «article» sur le MPA de Amara Benyounès. Cet «article» disait que ce parti politique était «sponsorisé» par les fabricants mondiaux d'alcool afin de rafler la majorité au Parlement et plonger le pays dans le «péché». L' «argumentaire» de l'auteur de cet article, qui a par la suite disparu tout comme la page, se basait sur le numéro national de la liste du MPA qui était le 33 (nom d'une bière mondialement connue, ndlr). Goebbels n'aurait pas fait mieux... Croyez-le ou non, mais beaucoup sont tombés dans le panneau. Cela a été partagé par certains qui sont allés dans des explications des plus farfelues les unes que les autres: du sionisme jusqu'à la franc-maçonnerie en passant par des propos misogynes et régionalistes qui ont certainement fait très mal à ce parti! D'autres pages sont allées plus loin en «photoshopant» des candidats ou présidents de partis politiques pour les ridiculiser. Des affiches qui montrent certains candidats dans des postures à leur désavantage ont carrément été «fabriquées». Tout comme des montages vidéos qui font dire aux candidats des choses qu'ils n'ont jamais prononcées. A l'exemple de cette vidéo du secrétaire général d'un grand parti où on lui fait «avouer» qu'il était un voleur, qu'il avait touché des pots-de-vin et qu'il narguait les Algériens. C'était bien sûr une fausse vidéo où plusieurs séquences ont été coupées pour le faire «parler»...Tout comme avec le MPA, beaucoup ont cru à cette vidéo qui a fait le «buzz» avant de disparaître. Toutefois, le «coup» était déjà parti...Ceux-là ne sont que de petits exemples des fausses nouvelles diffusées chaque jour sur les réseaux sociaux lors de cette campagne virtuelle qui est en train de prendre un virage des plus dangereux. Pour ceux qui savent bien discerner entre les fausses et vraies nouvelles, ces histoires sont avant tout une bonne rigolade. Mais considérant leur portée énorme sur les réseaux sociaux et les commentaires ajoutés souvent furieux et pleins de reproches, leur implication semble beaucoup plus sérieuse: elles sont susceptibles d'influencer de manière incontrôlable la formation des opinions du grand public sur un sujet quelconque, même si cela est loin de la réalité. Les réseaux sociaux sont donc une arme à double tranchant qui facilite la communication de masse, mais aussi les...dérapages!